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La
passion de Mel Gibson qui sort demain sur les écrans
bruxellois ? Je ne veux pas entrer ici dans la polémique.
De ce piètre exhibitionnisme – « On cogne,
on gifle, on calotte, on flagelle, on fouette, on cloue, on transperce…
Ça gicle, ça dégouline, ça coule à
flot, ça cascade… C’est le rayon boucherie
du supermarché, de l’évangélisation
» écrit Le Soir de ce matin - je dirai seulement
qu’il m’a ennuyé. Manifestement, c’est
à tort que je me suis laissé entraîner à
aller le voir en début de semaine sainte.
Alors, très vite deux livres merveilleux pour compenser
cet échec : L’Evangile selon Pilate, d’Eric-Emmanuel
Schmitt, l’homme de lettres français qui vit à
Bruxelles, derrière la place Brugmann, et Le baiser
de Judas de Hubert Prolongeau.
Le premier, couronné
par le Grand prix des lectrices de Elle en 2001, je l’ai
lu et relu et je l’achète par dizaines dans la collection
du Livre de Poche (n° 15273) pour l’offrir
à mes amis, comme j’en ai l’habitude avec les
œuvres que j’aime. Le spectacle est proposé
en deux tableaux. D’abord le Jardin des oliviers, où
un homme attend que les soldats viennent l’arrêter
pour le conduire au supplice, guidé par Judas, son meilleur
ami, le seul en qui il ait assez confiance pour l’avoir
chargé de le dénoncer afin que s’accomplisse
son destin. Comment, simple fils de menuisier, est-il devenu un
agitateur prêchant l’amour et le pardon ? «
C’est toi qui le dis », avait-il coutume de répondre
aux concitoyens qui le consultaient au seuil de l’atelier
de son père, jusqu’à ce que le rabbin, jaloux,
le renvoie le jour de ses 30 ans. Puis c’est Pilate qui
entre scène, trois jours plus tard, au matin de Pâque,
en rapportant dans ses épîtres à son frère
la dispari-
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tion du cadavre,
sa réapparition, les progrès de l’enquête
qu’il mène et le doute qui s’insinue dans son
esprit. Et, avec le doute, la foi et l’amour.
Le second, récemment sorti de presse chez Grasset, trace
le portrait de Judas, qui « est au christianisme ce que le
nez de Cléopâtre est à l’histoire de Rome
» comme l’écrivait Jean-Luc Pouthier dans Le
journal du dimanche, en me donnant l’envie de le découvrir.
Fils d’un potier de Galilée, Judas est entraîné,
jeune, dans le sillage de Barrabas, qui veut chasser les romains
de son pays, caché dans les grottes, harcelant l’armée…
jusqu’à ce que survienne Jésus, dont la parole
et le comportement fascine Judas qui voit en lui le chef naturel
qu’il cherche pour entraîner un soulèvement général.
Le malentendu est patent ; c’est lui qui poussera Judas au
geste fatal qu’il pense salutaire.
Il me reste, en cette semaine de la passion, à terminer la
lecture de Saint-Paul – Le témoignage mystique
de François Brune aux Editions Oxus. De lui aussi,
l’inventeur du christianisme, on peut dire que la face du
monde ne serait pas la même s’il n’avait pas vécu.
Bonnes fêtes de Pâques.
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