Le 23 avril 2004
        Délocalisation
 

Pourquoi le groupe Interbrew s’est-il prêté au brassage médiatique qu’a suscité la publication de l’annonce controversée du lancement d’une étude de faisabilité sur une éventuelle redomiciliation de l’entreprise brassicole après sa fusion avec le groupe brésilien AmBev ? Je l’ignore, tout comme je ne sais si Didier Reynders gagnera son pari qu’il ne trouverait pas de cieux fiscaux plus cléments que la Belgique. Il est vrai que notre grand argentier a été prudent : l’enjeu en a été limité à un verre de bière ! La nouvelle appelle cependant trois observations :

  1. En matière de délocalisation, les dirigeants politiques belges n’ont pas de leçons à donner. Nous en avons été les initiateurs, à l’époque des « golden sixties », en adoptant des lois d’expansion économique qui ont encouragé tant d’entreprises américaines à créer chez nous des sièges de production. Certes l’emploi ainsi créé était neuf pour partie, mais dans d’autres cas il ne s’agissait que de transferts au détriment de l’emploi existant sur place.

  2. Le choix de la voie la moins imposée est un droit fondamental, tout comme la liberté d’établissement. La Constitution et les Traités européens le garantissent. L’expérience nous a appris que ce n’est pas en corsetant les entreprises que l’on accroît la création de richesse, qui est la condition première de l’emploi.







  1. A l’heure de l’Europe, il est vain de penser pouvoir conduire une politique économique sans s’aligner sur nos voisins. Les pays membres de l’Union européenne sont comme des supermarchés : leurs consommateurs regardent ce qu’il y a dans les rayons. Qu’il s’agisse du niveau de la fiscalité, de la qualité du droit commercial ou de la sécurité juridique, nos entrepreneurs choisissent évidemment ce qu’il y a de plus favorable. Plutôt que de dispenser des leçons de morale, veillons à être aussi bons que les autres. Cela suppose évidemment un travail en profondeur, et à long terme, ce qui, à voir certaines réactions, paraît moins rentable médiatiquement que des effets d’annonce !