Le 27 avril 2004
        Allons de l'avant, plutôt que de regarder dans le rétroviseur
 

Aucun territoire n’a jamais été conquis en gants blancs : il ne faut pas être grand clerc pour le savoir. Et certains aspects du passé colonial des anciennes puissances européennes, tout comme celui d’autres peuples, ne les glorifie pas. Mais soutenir que Léopold II aurait voulu éliminer des millions d’individus relève d’une perversion de l’esprit. Pourquoi notre télévision nationale a-t-elle choisi de célébrer la commémoration du génocide du Rwanda en diffusant le 8 avril dernier le documentaire britannique scandaleux de Peter Bate ? Est-ce de la maladresse, ou de la provocation ?

Les réactions que j’ai lues dans la presse, tant de la part d’intellectuels congolais que de nos concitoyens, sont encourageantes : elle illustrent le bon sens de téléspectateurs qui, sans pour autant oublier les leçons du passé, ont été aussi choqués que moi par cette réécriture malhonnête de l’histoire. Sans nier la cruauté de certaines pratiques de l'époque, remettons-les dans leur contexte historique et sachons les critiquer avec mesure. Comment nos arrière-petits-enfants jugeront-ils les rapports que les pays industrialisés entretiennent aujourd'hui avec les pays en voie de développement, qui ne sont pas toujours si éloignés de ceux qu’entretenaient au début du siècle dernier les possédants et les classes laborieuses ?

 







Ce qui me frappe, tout au contraire des délires du cinéaste, c’est la volonté de réconciliation des élites noires avec notre pays. Deux amis, Jörg Pelzer et Jean-Pierre Snyers, œuvrent aujourd’hui à la réalisation d’un film coproduit avec la RTBF sur la mort du Roi M’Siri qui régnait aux débuts de la colonisation belge sur le Katanga, un empire bien plus vaste que l’actuelle province, et qui fut abattu par un militaire belge. Le Mwami actuel du Katanga, Masuka Munongo, qui est un descendant du Roi M’Siri, a témoigné de cette volonté de réconciliation. Plutôt que de regarder dans le rétroviseur, voyons comment, malgré nos faibles moyens, nous pouvons aider le peuple congolais à aller de l’avant, à réorganiser son pays, son fonctionnement politique et son développement économique.