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Aux
termes de l’article 16 de la Constitution, toute expropriation
est soumise au paiement d’une indemnité préalable,
juste et équitable. Pour accélérer la construction
des autoroutes, une loi du 26 juillet 1962 a cependant institué
une procédure d’exception accélérée
devant le juge de paix en cas de circonstances urgentes, alors
que la procédure d’expropriation ordinaire s’exerce
devant le tribunal de première instance. Le principe de
cette procédure d’exception consiste à faire
procéder la procédure ordinaire par une intervention
simplifiée du juge de paix, dont la décision n’est
susceptible d’aucun recours mais qui reste provisoire, eu
égard à l’instruction sommaire, en ce sens
que, sauf accord entre parties, le pouvoir expropriant et l’exproprié
peuvent demander la révision du prix fixé par le
juge de paix.
Cette situation pose cependant trois
problèmes : la loi de 1962 devait elle-même être
provisoire, dans la perspective d’une refonte de l’ensemble
de la législation relative à l’expropriation,
que l’on attend depuis plus de 40 ans ! les pouvoirs expropriants
ont abusé du système, en recourant systématiquement
à la procédure d’urgence ; et, même
si cette hypothèse est exceptionnelle parce que dans 99%
des cas les parties arrivent finalement à un accord sur
le montant à payer, la révision peut aboutir à
la condamnation de l’exproprié non seulement au remboursement
de la partie du prix définitivement fixé qui dépasse
le montant alloué par le juge de paix, mais aussi à
des intérêts judiciaires qui, compte tenu de la longueur
des procédures, peuvent être très lourds,
voire absorber l’intégralité du prix payé
!
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La commission
de la Justice du Sénat examine dès lors actuellement
une proposition de loi déposée par M. Coveliers (VLD)
dans le but de supprimer le droit pour le pouvoir expropriant de
demander la révision, et elle en a débattu lors de
sa séance d’hier mardi 4 mai. La question que je pose
est de savoir si cette suppression ne provoquerait pas une hausse
des prix dus par les pouvoirs expropriants qui grèverait
indûment leurs budgets et réduirait la réalisation
des expropriations nécessaires, par exemple pour construire
dans l’urgence une ligne de chemin de fer ou construire une
station d’épuration, parce que les expropriés
ne seraient plus enclins à rechercher une solution amiable.
Aussi ai-je proposé une solution alternative : le pouvoir
expropriant maintiendrait son droit de recours, mais aucun intérêt
judiciaire ne devrait être payé par l’exproprié,
sauf si celui-ci a tardé à faire valoir ses droits
ou en a abusés en retardant artificiellement l’issue
du litige.
La discussion sera poursuivie la semaine prochaine.
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