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Alors que nous venons de commémorer
les 60 ans de la libération des camps et par là,
de nous rappeler le génocide perpétré par
les nazis, aucune voix ne s’élève pour critiquer
la présence de l’Allemagne dans l’Union Européenne,
au contraire. En effet, tous, nous considérons que les
allemands n’ont pas à payer pour les crimes commis
par leurs parents.
Par contre, certains s’insurgent
de l’éventuelle entrée de la Turquie dans
l’UE au nom du génocide arménien qui s’est
déroulé en 1917. Pourquoi cette différence
?
En 1915, dans l’Empire Ottoman,
les Jeunes Turcs, animés par une idéologie turquiste
et panturquiste, décident de profiter de l’opportunité
de la guerre pour résoudre définitivement la «
Question arménienne » qui fait obstacle à
leur volonté d’unification ethnique. Ils mettent
secrètement au point un plan de destruction. Il sera officiellement
présenté comme un transfert de la population arménienne
loin du front. En fait, la déportation n’est que
le masque qui couvre une opération d’anéantissement
du peuple arménien. L’opération se déroule
en deux temps, mais toujours de la même manière :
perquisition, arrestation, torture, dépor-tation et finalement
exécution des prisonniers. Dans certaines parties de l’Empire
ottoman, la déportation se fera par chemin de fer vers
des camps de concertation construit à la hâte…
Le bilan fera état d’environ 1.500.000 morts (sur
une population arménienne de 2.000.000 âmes).
Le génocide
arménien a été reconnu par l’ONU, le
Parlement européen et environ 15 Parlements nationaux,
pourtant encore aujourd’hui, si la Turquie reconnaît
des massacres, elle refuse de reconnaître le génocide
arménien en remettant principalement en cause la préméditation
et l’ampleur du nombre de victimes. Mais, la position de
la République Turque n’est pas celle de tous les
Turcs : des intellectuels, des personnalités, des militants
des droits de l’homme et des professeurs d’université
s’élèvent contre la version historique établie
par Ankara.
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Nier l’existence
d’un génocide, c’est faire insulte à la
mémoire des victimes, banaliser l’horreur et falsifier
l’Histoire. Je voudrais donc citer ici les mots responsables
et courageux prononcés par le Chancelier Gerhard Schröder
« La grande majorité des Allemands d’aujourd’hui
ne portent aucune responsabilité dans l’Holocauste.
Mais ils ont une Responsabilité. Le souvenir de la guerre
et du génocide fait partie de notre vie. Pour certains, ces
souvenirs sont lourds à porter. Mais c’est ainsi et
rien n’y changera : ils font désormais partie de notre
identité nationale. Nous avons l’obligation morale
de nous souvenir du national-socialisme et de ses crimes. Nous le
devons aux victimes, aux survivants, à leurs proches et,
aussi, à nous-mêmes » ou encore ceux du Ministre
des affaires étrangères Joschka Fischer devant les
Nations Unies « Profondément imprégnée
de sa responsabilité historique et morale face à Auschwitz,
l’Allemagne nouvelle et démocratique (…) a une
responsabilité particulière à l’égard
d’Israël. Son droit à l’existence comme
la sécurité de ses concitoyens constitueront toujours
un principe non négociable de la politique extérieure
allemande. »
Demander à la Turquie de reconnaître le génocide
arménien, comme l’Allemagne l’a fait à
l’égard du peuple juif, c’est lui permettre de
construire avec le peuple arménien des relations de paix
fondées sur la vérité historique.
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