Le 1 février 2005
        Reconnaissance d’un génocide
 

Alors que nous venons de commémorer les 60 ans de la libération des camps et par là, de nous rappeler le génocide perpétré par les nazis, aucune voix ne s’élève pour critiquer la présence de l’Allemagne dans l’Union Européenne, au contraire. En effet, tous, nous considérons que les allemands n’ont pas à payer pour les crimes commis par leurs parents.

Par contre, certains s’insurgent de l’éventuelle entrée de la Turquie dans l’UE au nom du génocide arménien qui s’est déroulé en 1917. Pourquoi cette différence ?

En 1915, dans l’Empire Ottoman, les Jeunes Turcs, animés par une idéologie turquiste et panturquiste, décident de profiter de l’opportunité de la guerre pour résoudre définitivement la « Question arménienne » qui fait obstacle à leur volonté d’unification ethnique. Ils mettent secrètement au point un plan de destruction. Il sera officiellement présenté comme un transfert de la population arménienne loin du front. En fait, la déportation n’est que le masque qui couvre une opération d’anéantissement du peuple arménien. L’opération se déroule en deux temps, mais toujours de la même manière : perquisition, arrestation, torture, dépor-tation et finalement exécution des prisonniers. Dans certaines parties de l’Empire ottoman, la déportation se fera par chemin de fer vers des camps de concertation construit à la hâte… Le bilan fera état d’environ 1.500.000 morts (sur une population arménienne de 2.000.000 âmes).

Le génocide arménien a été reconnu par l’ONU, le Parlement européen et environ 15 Parlements nationaux, pourtant encore aujourd’hui, si la Turquie reconnaît des massacres, elle refuse de reconnaître le génocide arménien en remettant principalement en cause la préméditation et l’ampleur du nombre de victimes. Mais, la position de la République Turque n’est pas celle de tous les Turcs : des intellectuels, des personnalités, des militants des droits de l’homme et des professeurs d’université s’élèvent contre la version historique établie par Ankara.










 


 


 

 

Nier l’existence d’un génocide, c’est faire insulte à la mémoire des victimes, banaliser l’horreur et falsifier l’Histoire. Je voudrais donc citer ici les mots responsables et courageux prononcés par le Chancelier Gerhard Schröder « La grande majorité des Allemands d’aujourd’hui ne portent aucune responsabilité dans l’Holocauste. Mais ils ont une Responsabilité. Le souvenir de la guerre et du génocide fait partie de notre vie. Pour certains, ces souvenirs sont lourds à porter. Mais c’est ainsi et rien n’y changera : ils font désormais partie de notre identité nationale. Nous avons l’obligation morale de nous souvenir du national-socialisme et de ses crimes. Nous le devons aux victimes, aux survivants, à leurs proches et, aussi, à nous-mêmes » ou encore ceux du Ministre des affaires étrangères Joschka Fischer devant les Nations Unies « Profondément imprégnée de sa responsabilité historique et morale face à Auschwitz, l’Allemagne nouvelle et démocratique (…) a une responsabilité particulière à l’égard d’Israël. Son droit à l’existence comme la sécurité de ses concitoyens constitueront toujours un principe non négociable de la politique extérieure allemande. »

Demander à la Turquie de reconnaître le génocide arménien, comme l’Allemagne l’a fait à l’égard du peuple juif, c’est lui permettre de construire avec le peuple arménien des relations de paix fondées sur la vérité historique.