Le 7 mars 2005
        A l’occasion de la Foire du Livre : quelques lectures que je recommande
 

La lecture, c’est un plaisir à partager. Et, lorsque j’apprécie particulièrement un livre, j’aime en acheter une dizaine d’exemplaires et l’offrir à mes amis. Mais, puisque nous n’avons pas l’occasion de nous voir, je me bornerai, à l’occasion de la Foire du Livre, de vous en recommander quelques-uns que j’ai découverts ou redécouverts au cours de l’année écoulée…

Celui qui m’a plu le plus est sans conteste La course à l’abîme de Dominique Fernandez chez Grasset : une autobiographie romancée du Caravage, le premier de nos peintres modernes. Fernandez, que j’ai eu le plaisir de recevoir à dîner il y a quelques mois à l’occasion d’une conférence à Gand, et dont le premier livre, L’aube, un roman consacré aux tourments de l’adolescence et à ses prolongements psychologiques, vient d’être réédité, toujours chez Grasset, est aussi l’auteur de merveilleux guides, comme son récent ouvrage sur Rome, complété de superbes vues prises par Ferrante Ferranti, et son Dictionnaire amoureux de la Russie. Dans la même veine, je ne puis pas ne pas citer le Dictionnaire amoureux de Venise de Philippe Sollers.

Et, s’agissant de peinture, je recommande encore la biographie de trois marchands créateurs, le Grâces lui soient rendues, Paul Durand-Ruel, le marchand des impressionnistes de Pierre Assouline (Folio, n° 3999), en hommage au promoteur de l’impressionnisme, L’Homme de l’art de D-H Kahnweiler, du même auteur, celui-ci consacré au promoteur du cubisme (Folio n° 2018) et La passion de l’art, que Christophe Mory a consacré à Ernst Beyeler, qui lança notamment Kandinsky et Klee (Gallimard).

L’âge de la conversation de Benedetta Craveri chez Gallimard est consacré à l’art de vivre développé du règne de Louis XIII à la Révolution, une période où la conversation en fut un ingrédient essentiel, avec la création des salons par la marquise de Rambouillet.

Judas a-t-il bien vendu son maître, comme on nous l’a enseigné ? Ou était-il plutôt le véritable ami du Christ, le seul en qui celui-ci put avoir assez confiance pour lui donner la mission tragique de le trahir, afin que s’accomplisse son destin ? C’est la question que pose Le baiser de Judas de Hubert Prolongeau chez Grasset.

Un joli roman de Rose Vincent (au Seuil) : Vert est le paradis, consacré au dilemme de l’homme sur le second versant de sa vie, meurtri par l’angoisse de se sentir exclu du courant, rejeté sur la rive, spectateur et non plus acteur.

Un roman américain, encore, de Paul Auster, chez Babel : La musique du hasard, sur l’incertitude de l’identité, l’absurdité du hasard et la perte du sens commun vécue par un ex-pompier de Boston qui, ayant hérité de deux cent mille dollars, décide de sillonner l’Amérique, sans trouver d’objectif particulier, rencontre un professionnel du poker et décide d’investir ce qui lui reste dans le jeu, où commence l’extravagant…















 


 


 

 

Je veux aussi citer deux premiers « romans » autobiographiques : Ca ne se fait pas d’Isabelle Spaak (aux Editions des Equateurs) et La Reine du Silence de Marie Nimier ; tous deux ont été couronnés au cours des derniers mois, le premier par le prix Rossel, le second par le Médicis.

J’en arrive à une aventure passionnément écrite : à l’automne 1428 Philippe de Bourgogne charge Jean Van Eyck d’aller à Lisbonne peindre un portrait qui révélera l’état le plus intime de l’infante Isabel, sa promise. C’est Le valet de peinture de Jean-Daniel Baltassat.

Et, puisque nous voilà de retour à la peinture, posons avec Daniel Arasse, qui fut professeur au Collège de France et vient de décéder il y a quelques mois, cette question : que fait-on quand on regarde une peinture ? A quoi pense-t-on ? Qu’imagine-t-on ? Comment décrire ce que l’on voit ou devine ? On n’y voit rien, telle est la réponse de Daniel Arasse (Folio Essais, n° 417). Ces six fictions narratives, consacrées à de grandes toiles et au personnage de Marie Madeleine, « se présentent comme autant d’enquêtes sur les évidences du visible », permettant à l’auteur de « proposer des aventures du regard », comme l’expose joliment la quatrième de couverture. A propos, que voit-on en lisant le droit : y voit-on davantage ? Je me pose de plus en plus la question, avec ce sentiment qu’au plus j’apprends, au moins je sais…

A propos de Marie-Madeleine, comment ne pas citer le Da Vinci Code de Dan Brown chez Lattès, qui se dévore en deux nuits, et surtout Le Code Da Vinci : L’enquête, publié aux Editions Robert Laffont par Marie-France Etchegoin et Frederic Lenoir, beaucoup plus instructif et enrichissant.

Revenons au roman pour saluer Philippe Besson, qui vient d’être couronné par le Version Femina. Je l’ai rencontré à la librairie Candide, Place Brugmann, et, ne le connaissant pas, j’ai acheté son livre le plus récent, nominé pour le prix Goncourt : Les jours fragiles, que j’ai tellement apprécié et qui m’a amené à lire tous ses autres livres : En l’absence des hommes, Son frère, L’arrière-saison et Un garçon d’Italie. Quelle puissance d’écriture !

Bonnes lectures.














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