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La lecture, c’est un plaisir
à partager. Et, lorsque j’apprécie particulièrement
un livre, j’aime en acheter une dizaine d’exemplaires
et l’offrir à mes amis. Mais, puisque nous n’avons
pas l’occasion de nous voir, je me bornerai, à l’occasion
de la Foire du Livre, de vous en recommander quelques-uns que
j’ai découverts ou redécouverts au cours de
l’année écoulée…
Celui qui m’a plu le plus est sans
conteste La course à l’abîme de Dominique
Fernandez chez Grasset : une autobiographie romancée du
Caravage, le premier de nos peintres modernes. Fernandez, que
j’ai eu le plaisir de recevoir à dîner il y
a quelques mois à l’occasion d’une conférence
à Gand, et dont le premier livre, L’aube,
un roman consacré aux tourments de l’adolescence
et à ses prolongements psychologiques, vient d’être
réédité, toujours chez Grasset, est aussi
l’auteur de merveilleux guides, comme son récent
ouvrage sur Rome, complété de superbes
vues prises par Ferrante Ferranti, et son Dictionnaire amoureux
de la Russie. Dans la même veine, je ne puis pas ne
pas citer le Dictionnaire amoureux de Venise de Philippe
Sollers.
Et, s’agissant de peinture, je recommande
encore la biographie de trois marchands créateurs, le Grâces
lui soient rendues, Paul Durand-Ruel, le marchand des impressionnistes
de Pierre Assouline (Folio, n° 3999), en hommage au promoteur
de l’impressionnisme, L’Homme de l’art
de D-H Kahnweiler, du même auteur, celui-ci consacré
au promoteur du cubisme (Folio n° 2018) et La passion
de l’art, que Christophe Mory a consacré à
Ernst Beyeler, qui lança notamment Kandinsky et Klee (Gallimard).
L’âge de la conversation
de Benedetta Craveri chez Gallimard est consacré à
l’art de vivre développé du règne de
Louis XIII à la Révolution, une période où
la conversation en fut un ingrédient essentiel, avec la
création des salons par la marquise de Rambouillet.
Judas a-t-il bien vendu son maître,
comme on nous l’a enseigné ? Ou était-il plutôt
le véritable ami du Christ, le seul en qui celui-ci put
avoir assez confiance pour lui donner la mission tragique de le
trahir, afin que s’accomplisse son destin ? C’est
la question que pose Le baiser de Judas de Hubert Prolongeau
chez Grasset.
Un joli roman de Rose Vincent (au Seuil)
: Vert est le paradis, consacré au dilemme de
l’homme sur le second versant de sa vie, meurtri par l’angoisse
de se sentir exclu du courant, rejeté sur la rive, spectateur
et non plus acteur.
Un roman américain, encore, de
Paul Auster, chez Babel : La musique du hasard, sur l’incertitude
de l’identité, l’absurdité du hasard
et la perte du sens commun vécue par un ex-pompier de Boston
qui, ayant hérité de deux cent mille dollars, décide
de sillonner l’Amérique, sans trouver d’objectif
particulier, rencontre un professionnel du poker et décide
d’investir ce qui lui reste dans le jeu, où commence
l’extravagant…
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Je veux aussi
citer deux premiers « romans » autobiographiques : Ca
ne se fait pas d’Isabelle Spaak (aux Editions des Equateurs)
et La Reine du Silence de Marie Nimier ; tous deux ont
été couronnés au cours des derniers mois, le
premier par le prix Rossel, le second par le Médicis.
J’en arrive à une aventure passionnément écrite
: à l’automne 1428 Philippe de Bourgogne charge Jean
Van Eyck d’aller à Lisbonne peindre un portrait qui
révélera l’état le plus intime de l’infante
Isabel, sa promise. C’est Le valet de peinture de
Jean-Daniel Baltassat.
Et, puisque nous voilà de retour à la peinture, posons
avec Daniel Arasse, qui fut professeur au Collège de France
et vient de décéder il y a quelques mois, cette question
: que fait-on quand on regarde une peinture ? A quoi pense-t-on
? Qu’imagine-t-on ? Comment décrire ce que l’on
voit ou devine ? On n’y voit rien, telle est la réponse
de Daniel Arasse (Folio Essais, n° 417). Ces six fictions narratives,
consacrées à de grandes toiles et au personnage de
Marie Madeleine, « se présentent comme autant d’enquêtes
sur les évidences du visible », permettant à
l’auteur de « proposer des aventures du regard »,
comme l’expose joliment la quatrième de couverture.
A propos, que voit-on en lisant le droit : y voit-on davantage ?
Je me pose de plus en plus la question, avec ce sentiment qu’au
plus j’apprends, au moins je sais…
A propos de Marie-Madeleine, comment ne pas citer le Da Vinci
Code de Dan Brown chez Lattès, qui se dévore
en deux nuits, et surtout Le Code Da Vinci : L’enquête,
publié aux Editions Robert Laffont par Marie-France Etchegoin
et Frederic Lenoir, beaucoup plus instructif et enrichissant.
Revenons au roman pour saluer Philippe Besson, qui vient d’être
couronné par le Version Femina. Je l’ai rencontré
à la librairie Candide, Place Brugmann, et, ne le connaissant
pas, j’ai acheté son livre le plus récent, nominé
pour le prix Goncourt : Les jours fragiles, que j’ai
tellement apprécié et qui m’a amené à
lire tous ses autres livres : En l’absence des hommes,
Son frère, L’arrière-saison
et Un garçon d’Italie. Quelle puissance d’écriture
!
Bonnes lectures.
Points
d'actualité antérieurs
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