Le 28 novembre 2005
       La réforme de la Cour d’Assises
 

Laurette Onkelinx, ministre de la Justice, a présenté la semaine dernière son projet de réforme de la Cour d’Assises, élaboré par une commission d’experts dont, à voir la composition, l’autorité ne prête pas à discussion.

Et pourtant ! Je partage à divers égards les réserves qu’a formulées dans « La Libre Belgique » du 24 novembre Mme Karine Gérard, ancienne présidente du Conseil Supérieur de la Justice.

D’abord en ce qui concerne le nombre de juges, un seul au lieu de trois, et de jurés, huit au lieu de douze. Lorsqu’un homme risque la réclusion à perpétuité ou 30 ans de prison, est-il sage de supprimer le délibéré, même s’il ne porte que sur le droit — et il portera d’ailleurs, et de manière décisive, sur la culpabilité lorsque le jury décidera par 5 « oui » et 3 « non » ?

Ensuite quant à la motivation de la décision. Les jurés continueront à trancher sur la base de leur intime conviction. La motivation de la majorité, qu’il appartiendra au président professionnel de la Cour de rédiger plutôt qu’aux jurés qui auront décidé majoritairement, relèvera dans ces conditions d’un exercice artificiel a posteriori :


 

































 


 


 

 

comment savoir ce qui fonde la décision de chaque juré ; et à quelle pièces faire référence dans une procédure orale ?

Enfin pourquoi priver les condamnés d’une faculté d’appel ? Benoît Frydman, co-président de la commission d’experts, a demandé « en quoi la décision d’un second jury serait-elle meilleure que celle du premier ? ». Pourquoi, à partir d’une réflexion pareille, ne pas supprimer toutes les cours d’appel ? Dans le système français, l’appel est introduit devant une autre cour d’assises. L’affaire d’Outreau a montré qu’un appel est loin d’être superflu !













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