Le 16 février 2006
       Brèves de janvier...
 

Absent pendant quelques semaines en janvier, j'ai découvert la presse en vrac, et j'y réponds « pareil » :

- Non, je ne veux plus de voeux de l'an sur mon gsm ! La surchauffe de la Saint-Sylvestre, nous rapportait La Libre du 7 janvier a connu cette année un nouveau record : plus de 30 millions de SMS ont fusé entre 20 et 8 heures, pour 17,2 millions en moyenne au cours d'une journée normale ! Et je ne parle pas de la pollution de ces textos de voeux bêtifiants, standardisés, dépersonnalisés et anonymes : un « meilleurs voeux » (au mieux !) adressé à l'ensemble du répertoire, sans signature aucune : vous n'êtes qu'un pion dans la liste des « contacts », et supposé avoir enregistré le nom de l'émetteur pour savoir qui il est ! Il est loin le temps où, Sacha Guitry se voyant proposer un raccordement au téléphone fixe au début du siècle dernier, refusait fièrement : « Quoi, on vous sonne, et vous vous levez... comme un vulgaire domestique » ? Inimaginable pour ce gentleman de l'élégance...

- Oui, les propos musclés de Richard Miller sur la RTBF étaient justifiés : la radio-télévision nationale reste « idéologiquement marquée, voire partisane », et le traitement de l'information bafoue le pluralisme des opinions en faveur du « tout au rouge ». Et les justifications à l'appui de la thèse contraire d'Yves Thiran, le directeur de l'information et de l'éthique de la chaîne nationale, sont lamentables : c'est à peine s'il ne se félicite pas d'avoir aussi relayé, fût-ce mezzo voce, les infos concernant la douche de Marie Arena et le scandale du logement social ! Mais pourquoi Miller n'a-t-il pas vu plus clair plus tôt : comme ministre de l'Audiovisuel, il aurait pu agir ! En singeant les chaînes privées dans l'alignement des programmes vers le bas pour gagner la course à l'audimat, la RTBF remplit-elle sa mission éducative ? Imaginez-vous le coût de cette gabegie !

- Non, le droit de choquer n'a pas sa place dans notre culture, contrairement à ce que proclame Ayaan Hirsi Ali, la député néerlandaise PvdA d'origine somalienne. Non, la liberté d'expression n'est pas intouchable. Oui, « l'offense peut être punie », comme le résume La Libre des 11 et 12 février en évoquant l'arrêt du 13 septembre 2005 de la Cour européenne des droits de l'homme au sujet de la condamnation d'un éditeur à une amende par la justice turque pour propos injurieux. Comme le pose la Cour, l'ingérence dans la liberté d'expression est justifiée quand elle poursuit la protection de l'ordre public, la morale et les droits d'autrui, bref quand elle est « nécessaire dans une société démocratique ». Pourquoi les musulmans ne pourraient-ils pas clamer leur indignation devant des caricatures inadmissibles du prophète, tandis que les tribunaux français faisaient droit l'année dernière à la demande chrétienne d'interdiction d'une publicité, pourtant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dénuée de toute méchanceté, de la firme Marithé François Girbaud dans laquelle les participants de la dernière cène étaient figurés sous les traits de jolies jeunes femmes ? Et l'on peut comprendre que « Une vierge noire au visage de Madonna scandalise les catholiques polonais », comme le titrait Le Monde.

- Oui, la lutte contre les maffias des sucres et des graisses doit être intensifiée. J'y songe en observant, depuis l'interdiction de fumer sur les lieux du travail, les employés s'agglutiner sur le pas de la porte des immeubles de bureaux pour griller leur cigarette, qu'il gèle, grêle ou pleuve. Et en lisant que la multiplication aux Etats-Unis des condamnations de cigarettiers à d'astronomiques dédommagements punitifs ne les empêche pas de développer leurs ventes dans les pays en voie de développement... A quand une sévérité analogue pour les fabricants de sucres et de graisses, et leurs utilisateurs ? En août de l'année dernière, le procureur général de Californie a assigné McDonald, Burger King et une filiale de PepsiCo, alléguant que ces producteurs devraient être forcés à apposer des notices sanitaires sur leurs frites et boissons à l'instar de celles qui décorent les paquets de clopes.

- Non, il ne faut pas en rajouter à la logorrhée du législateur en lui faisant consacrer le Code Lippens sur la « corporate governance », comme l'envisage la ministre de la Justice. Un code éthique peut avoir plus de poids qu'un code légal. Mais que ceux qui défendent les patrons aient le courage de condamner certaines pratiques nouvelles. J'ai été très choqué, de lire, lors des assemblées générales de mai dernier, que les directions de certaines sociétés cotées distribuaient des cadeaux pour s'obtenir les faveurs des électeurs : celle de Havas promettait 10 euros à chaque votant et celle d'Eurotunnel offrait 1000 allers-retours sur Londres ! Mais plus encore de lire le patron de l'une d'elle estimer qu'il s'agissait là d'une « incitation à la démocratie actionnariale ». Dans le monde de l'économie les élections finiront bientôt par devenir un cirque comme dans celui de la politique.













Points d'actualité antérieurs
Imprimer ce document