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Absent pendant quelques semaines
en janvier, j'ai découvert la presse en vrac, et j'y réponds
« pareil » :
- Non, je ne veux plus de voeux de l'an
sur mon gsm ! La surchauffe de la Saint-Sylvestre, nous rapportait
La Libre du 7 janvier a connu cette année un nouveau
record : plus de 30 millions de SMS ont fusé entre 20 et
8 heures, pour 17,2 millions en moyenne au cours d'une journée
normale ! Et je ne parle pas de la pollution de ces textos de
voeux bêtifiants, standardisés, dépersonnalisés
et anonymes : un « meilleurs voeux » (au mieux !)
adressé à l'ensemble du répertoire, sans
signature aucune : vous n'êtes qu'un pion dans la liste
des « contacts », et supposé avoir enregistré
le nom de l'émetteur pour savoir qui il est ! Il est loin
le temps où, Sacha Guitry se voyant proposer un raccordement
au téléphone fixe au début du siècle
dernier, refusait fièrement : « Quoi, on vous sonne,
et vous vous levez... comme un vulgaire domestique » ? Inimaginable
pour ce gentleman de l'élégance...
- Oui, les propos musclés de Richard
Miller sur la RTBF étaient justifiés : la radio-télévision
nationale reste « idéologiquement marquée,
voire partisane », et le traitement de l'information bafoue
le pluralisme des opinions en faveur du « tout au rouge
». Et les justifications à l'appui de la thèse
contraire d'Yves Thiran, le directeur de l'information et de l'éthique
de la chaîne nationale, sont lamentables : c'est à
peine s'il ne se félicite pas d'avoir aussi relayé,
fût-ce mezzo voce, les infos concernant la douche
de Marie Arena et le scandale du logement social ! Mais pourquoi
Miller n'a-t-il pas vu plus clair plus tôt : comme ministre
de l'Audiovisuel, il aurait pu agir ! En singeant les chaînes
privées dans l'alignement des programmes vers le bas pour
gagner la course à l'audimat, la RTBF remplit-elle sa mission
éducative ? Imaginez-vous le coût de cette gabegie
!
- Non, le droit de choquer n'a pas
sa place dans notre culture, contrairement à ce que proclame
Ayaan Hirsi Ali, la député néerlandaise PvdA
d'origine somalienne. Non, la liberté d'expression n'est
pas intouchable. Oui, « l'offense peut être punie
», comme le résume La Libre des 11 et 12
février en évoquant l'arrêt du 13 septembre
2005 de la Cour européenne des droits de l'homme au sujet
de la condamnation d'un éditeur à une amende par
la justice turque pour propos injurieux. Comme le pose la Cour,
l'ingérence dans la liberté d'expression est justifiée
quand elle poursuit la protection de l'ordre public, la morale
et les droits d'autrui, bref quand elle est « nécessaire
dans une société démocratique ». Pourquoi
les musulmans ne pourraient-ils pas clamer leur indignation devant
des caricatures inadmissibles du prophète, tandis que les
tribunaux français faisaient droit l'année dernière
à la demande chrétienne d'interdiction d'une publicité,
pourtant
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dénuée de toute méchanceté, de
la firme Marithé François Girbaud dans laquelle
les participants de la dernière cène étaient
figurés sous les traits de jolies jeunes femmes ? Et l'on
peut comprendre que « Une vierge noire au visage de Madonna
scandalise les catholiques polonais », comme le titrait Le
Monde.
- Oui, la lutte contre les maffias des sucres et des graisses doit
être intensifiée. J'y songe en observant, depuis l'interdiction
de fumer sur les lieux du travail, les employés s'agglutiner
sur le pas de la porte des immeubles de bureaux pour griller leur
cigarette, qu'il gèle, grêle ou pleuve. Et en lisant
que la multiplication aux Etats-Unis des condamnations de cigarettiers
à d'astronomiques dédommagements punitifs ne les empêche
pas de développer leurs ventes dans les pays en voie de développement...
A quand une sévérité analogue pour les fabricants
de sucres et de graisses, et leurs utilisateurs ? En août
de l'année dernière, le procureur général
de Californie a assigné McDonald, Burger King et une filiale
de PepsiCo, alléguant que ces producteurs devraient être
forcés à apposer des notices sanitaires sur leurs
frites et boissons à l'instar de celles qui décorent
les paquets de clopes.
- Non, il ne faut pas en rajouter à la logorrhée
du législateur en lui faisant consacrer le Code Lippens sur
la « corporate governance », comme l'envisage
la ministre de la Justice. Un code éthique peut avoir plus
de poids qu'un code légal. Mais que ceux qui défendent
les patrons aient le courage de condamner certaines pratiques nouvelles.
J'ai été très choqué, de lire, lors
des assemblées générales de mai dernier, que
les directions de certaines sociétés cotées
distribuaient des cadeaux pour s'obtenir les faveurs des électeurs
: celle de Havas promettait 10 euros à chaque votant et celle
d'Eurotunnel offrait 1000 allers-retours sur Londres ! Mais plus
encore de lire le patron de l'une d'elle estimer qu'il s'agissait
là d'une « incitation à la démocratie
actionnariale ». Dans le monde de l'économie les élections
finiront bientôt par devenir un cirque comme dans celui de
la politique.
Points
d'actualité antérieurs
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