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En cette période de triste
actualité criminelle, je tiens à relayer, à
l’intention de ceux d’entre vous qui êtes sensibles
à la sémantique, cet extrait de « Coups de
règle », signé Titus et publié
au Journal des Tribunaux en 1996 (p. 821) :
« … dans les colonnes du Figaro,
Mme Valéry Giscard d’Estaing, présidente de
la Fondation pour l’enfance, s’insurge (…) contre
l’emploi du terme pédophile pour qualifier
les Dutroux et autres violeurs d’enfants. Plus radicale
que Littré, Robert, Larousse, et même que le Dictionnaire
du français non conventionnel, qui tous ignorent le mot
même, la grande dame, au joli prénom d’Anne-Aymone,
aperçoit dans cette qualification, « un abus de mots
». « La racine grecque », écrit-elle,
« est explicite : les philanthropes aiment l’humanité,
les philosophes aiment la sagesse, la philharmonie consiste à
aimer l’harmonie. Cette racine est belle, porteuse de respect
et d’affection. Il n’est pas acceptable de l’utiliser
pour ceux qui violent et torturent les enfants ». Poursuivant
son réquisitoire, celle qui fut un temps la première
Dame de France conclut : « Non, ce ne sont pas des pédophiles,
mais des pédomanes, comme il existe des toxicomanes
: des hommes qui abusent des enfants ».
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« La comparaison
eût été plus convaincante encore si, passant
des préfixes aux suffixes, Mme Giscard avait fait allusion
aux colombophiles ou aux francophiles, et, bien davantage encore,
si elle avait opposé, tout comme pédophile
à pédomane, bibliophile (celui qui
aime les livres) à bibliomane (celui qui en est
maniaque) ».
« En d’autres mots, le suffixe phile est laudatif
; et mane, péjoratif. Ne les confondons pas. »
Points
d'actualité antérieurs
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