Le 29 juin 2006
       Pédophile, ou pédomane ?
 

En cette période de triste actualité criminelle, je tiens à relayer, à l’intention de ceux d’entre vous qui êtes sensibles à la sémantique, cet extrait de « Coups de règle », signé Titus et publié au Journal des Tribunaux en 1996 (p. 821) :

« … dans les colonnes du Figaro, Mme Valéry Giscard d’Estaing, présidente de la Fondation pour l’enfance, s’insurge (…) contre l’emploi du terme pédophile pour qualifier les Dutroux et autres violeurs d’enfants. Plus radicale que Littré, Robert, Larousse, et même que le Dictionnaire du français non conventionnel, qui tous ignorent le mot même, la grande dame, au joli prénom d’Anne-Aymone, aperçoit dans cette qualification, « un abus de mots ». « La racine grecque », écrit-elle, « est explicite : les philanthropes aiment l’humanité, les philosophes aiment la sagesse, la philharmonie consiste à aimer l’harmonie. Cette racine est belle, porteuse de respect et d’affection. Il n’est pas acceptable de l’utiliser pour ceux qui violent et torturent les enfants ». Poursuivant son réquisitoire, celle qui fut un temps la première Dame de France conclut : « Non, ce ne sont pas des pédophiles, mais des pédomanes, comme il existe des toxicomanes : des hommes qui abusent des enfants ».


 



 

 

 

 

 


 


 

 

« La comparaison eût été plus convaincante encore si, passant des préfixes aux suffixes, Mme Giscard avait fait allusion aux colombophiles ou aux francophiles, et, bien davantage encore, si elle avait opposé, tout comme pédophile à pédomane, bibliophile (celui qui aime les livres) à bibliomane (celui qui en est maniaque) ».

« En d’autres mots, le suffixe phile est laudatif ; et mane, péjoratif. Ne les confondons pas. »












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