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Très chargée, cette
rentrée de septembre, à tel point que j’ai
négligé cette rubrique alors que je me proposais,
dès mon retour de vacances, de faire écho à
certaines lectures dans la presse quotidienne ou hebdomadaire
qui m’avaient frappé, et plu ou déplu…
En voici, en vrac, quelques extraits :
« Alain Genestar (le patron démis-sionnaire
de Paris-Match, après la publication d’une
‘une’ où la femme d’un ministre s’affichait
avec son amant estival), écrit le journaliste Benoît
Delmas dans Le Monde du 8 juillet, restera à la
postérité comme étant la première
victime d’une dérive de la presse et du monde politique
: en faire des ‘people’ comme des autres. A moins
de considérer les lecteurs comme des dégénérés
congénitaux, voire de simples légumes, l’affaire
Paris Match révèle la confusion des genres
où Loana est l’égale de Ségolène,
future mariée, Johnny, le rival de Villepin. Lorsque Ségolène
Royal se fend d’un communiqué pour dire publiquement
qu’elle se mariera dans la plus stricte intimité,
cela se nomme un oxymore …». Genestar devait-il être
le seul à démissionner ? Alors, quelle sanction
pour les politiques qui jouent cette carte ‘people’
?
Et que penser de la confusion de valeurs
commise par Rik Daems ? En vacances à Oostduinkerke, le
couple Daems-Pécriaux est brièvement sorti de sa
réserve pour la DH et le Laatse Nieuws,
rapporte La Libre du 16 août en retenant cette
citation de l’ancien ministre qui, disait-on, avait aux
Entreprises publiques le talent de transformer l’or en plomb
! « Sophie est PS et moi je suis VLD. Et alors ? Vous ne
connaissez pas de gens où madame est caissière au
Delhaize et monsieur magasinier chez Colruyt ? ». Ah bon
! Où sont les convictions, si aucune distinction ne se
justifie entre la situation de mandataires politiques et celle
des employés de supermarché ?
Commentant la vie quotidienne des Français
au XIVème et XVème siècles, Le Figaro Magazine
du 22 juillet, évoquant les quatre cavaliers de l’Apocalypse
qui battaient à l’époque le pays («
De la peste, de la guerre, de la famine et de la mort, délivre-nous,
Seigneur ! »), rapporte qu’en 1347, les Turcs, qui
assiégeaient le comptoir de Caffa, avaient catapulté
à l’intérieur des cadavres infectés
pour répandre la maladie : déjà la guerre
bactériologique !
« On a parfois l’impression
que, comme quand Clémenceau suggérait de créer
une commission pour régler un problème, on crée
des indicateurs pour résoudre les problèmes du développement
durable ». C’est Gilles Rotillon, professeur de sciences
économiques à l’université Paris-X,
qui l’écrit dans Libération du 25
juillet, en dressant ce constat désabusé : «
.. pour l’instant il n’y a pas de forces sociales
suffisamment puissantes, porteuses de cette exigence (de développement
durable), pour entraîner nos politiques à s’attaquer
vraiment aux problèmes »… Il a suffi que j’exerce
pendant trois mois les fonctions de secrétaire d’Etat
au développement durable dans le gouvernement précédent
pour être convaincu par les considérations de ce
professeur, que par ailleurs je ne connais malheureusement pas.
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L’homme
de l’été ? s’interroge un chroniqueur
du Monde du 8 août. Réponse : Harry Roselmack.
« Pourquoi ? Parce que ce journaliste présente, durant
les vacances de Patrick Poivre d’Arvor, le journal télévisé
de TF1 et parce qu’il est noir. En écrivant
ces derniers mots, on s’arrête une seconde, on tente
de retrouver ses esprits. On a bien sûr conscience de proférer
une énormité, mais cette énormité-là
est à la hauteur de l’état de notre névrose
nationale… Qu’un Noir puisse présenter aux téléspectateurs
français le journal télévisé le plus
regardé … constitue chez nous un évènement.
C’est dire le niveau d’apartheid mental auquel nous
sommes subrepticement parvenus. D’autant plus que nous nous
surprenons à louer le beauté physique d’Harry
(mais oui !), à le trouver élégant et racé,
à apprécier la qualité de sa diction du français
(sa langue, après tout). Sa compétence professionnelle
n’est même pas évoquée. Elle coule de
source… ». Quelque chose d’évident peut
donc paraître révolutionnaire, au point de faire de
celui qui incarne le phénomène « l’homme
de l’été » !
Claude Javeau, dont j’apprécie
les chroniques dans La Libre Belgique, écrit ceci
dans son édition du 21 septembre, après la journée
sans voitures de septembre à Bruxelles, teintée d’un
parfum de vacances prolongées : « Un jour sans bagnole,
c’est du cosmétique. De celui qui consiste à
se contenter d’images, sans que les puissants de ce monde
mettent en œuvre une véritable politique de sauvetage…
». Et le sociologue observe finement : « Naguère
encore, on avait des jours ou plutôt des journées ‘pour’
quelque cause ou chose. La journée des femmes, la journée
du sida, la journée de la liberté de la presse, etc.
On a désormais ajouté des jours ‘sans’
à l’exemple de celui sans voitures, précisément,
ou de celui sans tabac. Je trouverais intéressante l’idée
de multiplier les jours de ce genre. Voici mes suggestions : le
jour sans spots publicitaires à la radio ou à la télévision…
; le jour sans tondeuses à gazon ; le jour sans télévision
; le jour sans Rachmaninov sur Musique 3 ; le jour sans Big Mac
; le jour sans crottes de chien ; le jour sans Jean-Luc Fonck ;
le jour sans Joëlle ; le jour sans Laurette ; le jour sans
…. Je propose ici un nouveau jeu de société
: trouver le plus possible de ‘jours sans’…
».
Et pour clore : l’année dernière, une entreprise
lançait sur le marché néerlandais un mobile
« i-Kids », lisais-je dans une feuille publicitaire
(www.sfalert.com).
Munis de cet appareil, les parents angoissés peuvent, sans
s’en occuper réellement, maintenir « à
l’œil » leurs enfants de 5 à 10 ans : des
liaisons gsm et gps leur permettent de localiser à tout moment
à 5 mètres près l’endroit où se
trouvent les rejetons : plus question de les perdre sur la plage,
l’été. Au recours à ces technologies
déresponsabilisantes, qu’est ce que je préfère
les poteaux de localisation placés le long de la côté
belge que j’admirais encore en allant nager en juillet et
août et qui permettent aux enfants égarés de
se localiser et de retrouver leurs parents grâce au petit
train, à la maisonnette, au poisson, au bateau, à
la banane, facilement mémorisables à leur âge...
Points
d'actualité antérieurs
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