Le 05 octobre 2006
       Dans la presse cet été...
 

Très chargée, cette rentrée de septembre, à tel point que j’ai négligé cette rubrique alors que je me proposais, dès mon retour de vacances, de faire écho à certaines lectures dans la presse quotidienne ou hebdomadaire qui m’avaient frappé, et plu ou déplu… En voici, en vrac, quelques extraits :

« Alain Genestar (le patron démis-sionnaire de Paris-Match, après la publication d’une ‘une’ où la femme d’un ministre s’affichait avec son amant estival), écrit le journaliste Benoît Delmas dans Le Monde du 8 juillet, restera à la postérité comme étant la première victime d’une dérive de la presse et du monde politique : en faire des ‘people’ comme des autres. A moins de considérer les lecteurs comme des dégénérés congénitaux, voire de simples légumes, l’affaire Paris Match révèle la confusion des genres où Loana est l’égale de Ségolène, future mariée, Johnny, le rival de Villepin. Lorsque Ségolène Royal se fend d’un communiqué pour dire publiquement qu’elle se mariera dans la plus stricte intimité, cela se nomme un oxymore …». Genestar devait-il être le seul à démissionner ? Alors, quelle sanction pour les politiques qui jouent cette carte ‘people’ ?

Et que penser de la confusion de valeurs commise par Rik Daems ? En vacances à Oostduinkerke, le couple Daems-Pécriaux est brièvement sorti de sa réserve pour la DH et le Laatse Nieuws, rapporte La Libre du 16 août en retenant cette citation de l’ancien ministre qui, disait-on, avait aux Entreprises publiques le talent de transformer l’or en plomb ! « Sophie est PS et moi je suis VLD. Et alors ? Vous ne connaissez pas de gens où madame est caissière au Delhaize et monsieur magasinier chez Colruyt ? ». Ah bon ! Où sont les convictions, si aucune distinction ne se justifie entre la situation de mandataires politiques et celle des employés de supermarché ?

Commentant la vie quotidienne des Français au XIVème et XVème siècles, Le Figaro Magazine du 22 juillet, évoquant les quatre cavaliers de l’Apocalypse qui battaient à l’époque le pays (« De la peste, de la guerre, de la famine et de la mort, délivre-nous, Seigneur ! »), rapporte qu’en 1347, les Turcs, qui assiégeaient le comptoir de Caffa, avaient catapulté à l’intérieur des cadavres infectés pour répandre la maladie : déjà la guerre bactériologique !

« On a parfois l’impression que, comme quand Clémenceau suggérait de créer une commission pour régler un problème, on crée des indicateurs pour résoudre les problèmes du développement durable ». C’est Gilles Rotillon, professeur de sciences économiques à l’université Paris-X, qui l’écrit dans Libération du 25 juillet, en dressant ce constat désabusé : « .. pour l’instant il n’y a pas de forces sociales suffisamment puissantes, porteuses de cette exigence (de développement durable), pour entraîner nos politiques à s’attaquer vraiment aux problèmes »… Il a suffi que j’exerce pendant trois mois les fonctions de secrétaire d’Etat au développement durable dans le gouvernement précédent pour être convaincu par les considérations de ce professeur, que par ailleurs je ne connais malheureusement pas.




 








 

L’homme de l’été ? s’interroge un chroniqueur du Monde du 8 août. Réponse : Harry Roselmack. « Pourquoi ? Parce que ce journaliste présente, durant les vacances de Patrick Poivre d’Arvor, le journal télévisé de TF1 et parce qu’il est noir. En écrivant ces derniers mots, on s’arrête une seconde, on tente de retrouver ses esprits. On a bien sûr conscience de proférer une énormité, mais cette énormité-là est à la hauteur de l’état de notre névrose nationale… Qu’un Noir puisse présenter aux téléspectateurs français le journal télévisé le plus regardé … constitue chez nous un évènement. C’est dire le niveau d’apartheid mental auquel nous sommes subrepticement parvenus. D’autant plus que nous nous surprenons à louer le beauté physique d’Harry (mais oui !), à le trouver élégant et racé, à apprécier la qualité de sa diction du français (sa langue, après tout). Sa compétence professionnelle n’est même pas évoquée. Elle coule de source… ». Quelque chose d’évident peut donc paraître révolutionnaire, au point de faire de celui qui incarne le phénomène « l’homme de l’été » !

Claude Javeau, dont j’apprécie les chroniques dans La Libre Belgique, écrit ceci dans son édition du 21 septembre, après la journée sans voitures de septembre à Bruxelles, teintée d’un parfum de vacances prolongées : « Un jour sans bagnole, c’est du cosmétique. De celui qui consiste à se contenter d’images, sans que les puissants de ce monde mettent en œuvre une véritable politique de sauvetage… ». Et le sociologue observe finement : « Naguère encore, on avait des jours ou plutôt des journées ‘pour’ quelque cause ou chose. La journée des femmes, la journée du sida, la journée de la liberté de la presse, etc. On a désormais ajouté des jours ‘sans’ à l’exemple de celui sans voitures, précisément, ou de celui sans tabac. Je trouverais intéressante l’idée de multiplier les jours de ce genre. Voici mes suggestions : le jour sans spots publicitaires à la radio ou à la télévision… ; le jour sans tondeuses à gazon ; le jour sans télévision ; le jour sans Rachmaninov sur Musique 3 ; le jour sans Big Mac ; le jour sans crottes de chien ; le jour sans Jean-Luc Fonck ; le jour sans Joëlle ; le jour sans Laurette ; le jour sans …. Je propose ici un nouveau jeu de société : trouver le plus possible de ‘jours sans’… ».

Et pour clore : l’année dernière, une entreprise lançait sur le marché néerlandais un mobile « i-Kids », lisais-je dans une feuille publicitaire (www.sfalert.com). Munis de cet appareil, les parents angoissés peuvent, sans s’en occuper réellement, maintenir « à l’œil » leurs enfants de 5 à 10 ans : des liaisons gsm et gps leur permettent de localiser à tout moment à 5 mètres près l’endroit où se trouvent les rejetons : plus question de les perdre sur la plage, l’été. Au recours à ces technologies déresponsabilisantes, qu’est ce que je préfère les poteaux de localisation placés le long de la côté belge que j’admirais encore en allant nager en juillet et août et qui permettent aux enfants égarés de se localiser et de retrouver leurs parents grâce au petit train, à la maisonnette, au poisson, au bateau, à la banane, facilement mémorisables à leur âge...

 









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