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Le 28 septembre dernier la Cour
de cassation a refusé d'annuler un arrêt de la cour
d'appel de Bruxelles qui avait condamné l'Etat du fait
de l'arriéré judiciaire bruxellois, en considérant
que le pouvoir législatif était fautif parce qu'il
ne prenait pas les mesures appropriées pour apurer cet
arriéré ; le juge devient-il ainsi le censeur du
Parlement ? Telle est la question que m'a posée Laurent
Marlière, journaliste à L'Echo, dont l'édition
de ce week-end a publié en page 22 mon
interview, laquelle reflète au demeurant quelques considérations
que j'ai déjà fait valoir dans l'un ou l'autre «
point d'actualité » antérieur.
La publication en cause n'a cependant
pas reproduit les derniers éléments de l'actualité
judiciaire en la matière. Depuis le début du mois,
le carrousel de la responsabilité de l'Etat du fait des
décisions de ses ministres et de ses juges continue en
effet à tourner.
Ainsi la Cour de cassation a-t-elle rendu
le 6 octobre un nouvel arrêt dans le contentieux entre le
ministre Landuyt et les associations de riverains, en déboutant
cette fois l'Etat belge de son recours contre un arrêt du
17 mars 2005 jugeant que la piste 02 était utilisée
de manière excessive et dangereuse et ordonnant la cessation
de la mise en œuvre du "plan Anciaux bis". La Cour
suprême considère que la cour d'appel n'a pas violé
le principe de la séparation des pouvoirs en constatant
l'existence de nuisances causant un préjudice majeur à
la santé, à la sécurité et au bien-être
des riverains, alors que les intérêts économiques
du pays ne sont pas compromis, ni le trafic aérien perturbé
en cas de retour à la situation antérieure.
Ce caveat a évidemment
toute son importance ; à première vue, par la généralités
de ses termes, l'arrêt pose néanmoins problème.
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Il y a quelques
jours on apprenait aussi que la cour d'appel de Bruxelles venait
de condamner l'Etat pour des « illégalités »
commises par le Conseil d'Etat lors des sélections de plusieurs
de ses conseillers, estimant que celles-ci n'avait pas été
suffisamment objectives ! Et enfin que l'Ordre des barreaux francophones
et germanophones avait initié des actions en justice afin
de faire reconnaître la responsabilité de l'Etat dans
l'important arriéré du Conseil d'Etat ! Il est vrai
que tout cela fait désordre !
Ceci dit, le dernier mot appartient au législateur, voire
au Constituant : c'est à lui de prendre les mesures appropriées
pour que soit mis un terme, s'il la jugeait excessive, à
l'immixtion directe ou indirecte du judiciaire dans l'exécutif
ou le législatif, et, plus généralement, à
l'insécurité juridique qui se développe, je
le rappelle, avec le recours de plus en plus généralisé
à des notions d'ordre général comme, comme
l' « égalité », comme la « proportionnalité
», comme le « droit à la santé »,
comme la « bonne gouvernance », comme la « motivation
adéquate », comme l' « usage problématique
», tout comme le « délai raisonnable »
, etc., qui sont certes nobles sur le plan des principes mais qui
sont à ce point malléables dans leur application pratique
qu'elles permettent aux juges de substituer leur appréciation
à celle des décideurs, ce qui me paraît dangereux,
surtout dans un contexte de médiatisation de la justice et
de populisme conséquent.
Points
d'actualité antérieurs
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