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Ayant évoqué
ce projet lors de mon intervention sur le thème de la responsabilité
des mandataires de justice d’entreprise à la Journée
d’études du Jeune Barreau d’hier 8 mars, plusieurs
participants m’ont demandé des éclaircissement
à son sujet.
On se rappellera que le caractère
décevant de la réforme du concordat judiciaire par
la loi du 17 juillet 1997, constaté dès son entrée
en vigueur, s’est vite confirmé, au point que la
ministre de la Justice avait décidé, il y a deux
ans, de la jeter rapidement aux orties pour y substituer une nouvelle
réglementation plus favorable aux restructurations d’organisations
commerciales en difficulté, déposée entre-temps
dans un avant-projet de loi dite « relative à la
continuité des entreprises ».
Ce projet innove en ce qu’il
donne à l’entreprise en difficulté, dès
le début de ses difficultés, plusieurs possibilités
pour redresser la barre. L’entreprise ne se retrouve plus
devant le choix binaire du concordat ou de la faillite, mais a,
au contraire, une pluralité d’options qui iront de
systèmes très libres, comme l’accord amiable,
éventuellement recherché et conclu à l’aide
d’un médiateur d’entreprise, à des systèmes
plus contraignants. Ce qui, dans la procédure de réorganisation
judiciaire par accord collectif (l’ancien concordat), frappe
le plus est la disparition du commissaire au sursis et la réapparition
du juge délégué. La procédure est
par ailleurs simplifiée et clarifiée. Le projet
simplifie aussi l’intervention des administrateurs provisoires
dans les entreprises en difficulté. Enfin il consacre l’évolution
de la Cour de cassation en ce qui concerne les droits des créanciers,
notamment dans le domaine des sûretés issues de la
pratique.
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La tentative de réforme vient malheureusement d’avorter,
du moins pour ce qui concerne cette législature. L’avant-projet
de loi avait été approuvé par le gouvernement
le 12 juillet 2006 et fait l’objet d’un avis globalement
positif du Conseil d’Etat du 18 septembre. Il aurait donc
du être approuvé depuis longtemps en deuxième
lecture pour être examiné et voté encore sous
cette législature. Mais, déposé le 12 janvier
dernier sur le bureau du Conseil des Ministres, il a buté
sur un désaccord politique, apparemment insurmontable en
cette période électorale, sur un seul article –
l’article 51 relatif aux droits des travailleurs en cas de
transfert sous autorité de justice de tout ou partie de l’entreprise
ou de ses activités. Il faudra donc attendre la prochaine
législature pour voir avancer cette réforme.
« A quelque chose, malheur est bon » : soyons positifs
et saisissons l’occasion pour parfaire le texte, qui mérite
plusieurs amendements.
Ceux d’entre vous qui souhaiteraient approfondir le sujet
pourront télécharger le texte même du projet,
l’exposé des motifs et un premier commentaire approfondi
que j’y ai consacré sur la page Internet http://www.freshfields.com/
practice/finance/publications/en.asp.
Points
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