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Musarder à la découverte
des journaux du matin – et avant tout Le Monde
et Le Journal du dimanche – constitue, tout comme
la marche et la lecture, l’un des grands plaisirs de mes
week-ends et de mes vacances. Lire et marcher incitent tous deux
à la réflexion, permettent de mieux appréhender
les évènements et de nuancer la pensée.
Je glane alors quelques phrases, quelques
échos frappés au coin du bon sens ou joliment tournés,
et, maintenant qu’approchent mes vacances dans le Beaufortain,
l’envie me prend de reproduire ici pêle-mêle
l’un ou l’autre extrait de ma moisson de ces dernières
semaines.
Tenez, sur la politique : au lendemain
des municipales françaises et de l’élection
comme conseiller de Véronique Vasseur, tête de liste
UMP dans le treizième arrondissement, La Libre Belgique
rapportait sa démission, désabusée : «
Elle venait pourtant d’y entrer, au titre de recrue emblématique
de la société civile. Il y a quelques années,
cet ancien médecin chef à la Santé, avait
publié un livre retentissant, qui avait été
suivi d’un rapport parlementaire, sur les conditions de
détention." ‘Je ne me retrouve pas dans
le spectacle pitoyable des bagarres dissidentes, des ego contrariés,
du bal des faux amis, du contexte national difficile, des alliances
contre nature qui ont pollué et dénaturé
le débat démocratique’, a justifié
Véronique Vasseur. Qui a aussi critiqué la stratégie
de campagne de l’UMP à Paris. Selon elle, le parti
aurait du investir ses vedettes (comme Rachida Dati) non dans
des fiefs de la droite mais dans des bastions de la gauche, afin
de tenter de les conquérir. Véronique Vasseur s’est
aussi plainte de n’avoir pas été soutenue
par d’anciens barons de la droite parisienne...».
Il fut évidemment beaucoup question
de mai 68 ces temps-ci. Le Monde du dimanche 18 mai (p.
18) citait cette parole de Georges Pompidou, prononcée
avant les négociations de Grenelle et rapportée
par Georges Séguy, l’ancien secrétaire général
de la CGT, dans le livre qu’il vient de publier sur son
parcours de militant (Résister, de Mathausen à
Mai 68, Archipel, 230 pages, 18,95 euro), selon laquelle
il aurait préféré « être
simple fonctionnaire d’un gouvernement communiste que premier
ministre d’une France dominée par les Américains
».
Les temps évoluent cependant :
dans Le Monde encore, le samedi 17 mai, le maire de Paris
et candidat (officieux) à la fonction de secrétaire
général du P.S. français, Bertrand Delanoë
proclamait : « Je suis libéral (…). La
gauche doit se réapproprier, avec fierté, et le
mot et la chose ».
Evoquant la prospérité croissante
de l’Inde, George W. Bush, qui n’en ratera pas une
jusqu’à sa démission, l’a mise en rapport
avec l’augmentation des prix alimentaires. Au lieu de nous
pointer du doigt, a répondu le gouvernement indien en les
taxant d’hypocrisie, les américains feraient mieux
de se mettre au régime : aux Etats-Unis, chaque citoyen
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consomme
3.770 calories par jour, pour 2.440 en Inde. C’est ce que
rapportait le dimanche 25 mai l’édition du «
best of » du New York Times joint en supplément
au Monde.
Dans Le Monde 2 du 31 mai (p. 25), l’économiste
iconoclaste Jeffrey Sachs, évoquant la crise alimentaire
en Afrique, faisait valoir « qu’avec 70 milliards
de dollars d’aide par an, l’Afrique pourra se passer
d’aide au développement en 2025… Les Etats-Unis
consacreront plus au budget du Pentagone dans la seule année
2008 que le monde entier n’a donné à l’Afrique
dans toute l’histoire. Y avons-nous vraiment déversé
des torrents d’argent ? Non. Avons-nous déjà
distribué massivement des moustiquaires antipaludisme ? Non.
Et quand nous avons essayé de le faire, cela a-t-il échoué
? Non, au contraire. Avons-nous entrepris une campagne massive de
vaccination contre la rougeole ? Oui. A-t-elle fini en corruption
généralisée ? Non, cela a donné une
réduction de 91% de la mortalité due à cette
maladie… ». Et il rappelait cette devinette si
parlante : « Si, sur un point d’eau donné
le nombre de nénuphars double chaque jours et qu’ils
recouvriront toute la surface au bout de trente jours, quand le
nombre de nénuphars recouvriront-ils la moitié du
point d’eau ? Réponse : le 29e jour. Je pense,
ajoutait-il, que nous sommes au 29e jour… ».
Sur les affaires, maintenant, cet extrait de L’Echo
des 19 et 21 avril 2008 : « Deux administrateurs indépendants
viennent d’entrer au conseil de la SNP, un des holdings d’Albert
Frère. De qui s’agit-il ? De Jean-Pierre Hansen, n°
2 du groupe français Suez dont Albert Frère est par
ailleurs le plus gros actionnaire. Et de Robert Castaigne, directeur
financier de Total, dont Albert Frère est… le plus
gros actionnaire. Des indépendants comme ça, on en
redemande ».
Enfin, terminons par une note plus légère, quoiqu’artistique
et littéraire. A l’occasion d’un Déjeuner
(d’Olivier Schmitt) avec Jean-Manuel Traimond, auteur
d’un savant Guide érotique du Louvre et Musée
d’Orsay (réédition poche, La Musardine,
160 p., 14,90 euro), Le Monde 2 du 12 avril 2008 (p. 66),
met en exergue le célèbre marbre sur les convulsions
de la volupté d’Auguste Clesinger à Orsay, Femme
piquée par un serpent, et ce quatrain superbe par lequel
le mit en poème Théophile Gauthier : « Par
l’aspic du plaisir mordue / Comme un marbre de Clesinger /
Elle rend, pâmée et tordue, / Ce spasme qu’on
ne peut singer ».
Bon repos, bonnes vacances, « et puis, comme il
se dit chaque matin sur la RTBF, bonne chance ! »
Points
d'actualité antérieurs
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