Le 11 juillet 2008
        Pêle-mêle des vacances
 

Musarder à la découverte des journaux du matin – et avant tout Le Monde et Le Journal du dimanche – constitue, tout comme la marche et la lecture, l’un des grands plaisirs de mes week-ends et de mes vacances. Lire et marcher incitent tous deux à la réflexion, permettent de mieux appréhender les évènements et de nuancer la pensée.

Je glane alors quelques phrases, quelques échos frappés au coin du bon sens ou joliment tournés, et, maintenant qu’approchent mes vacances dans le Beaufortain, l’envie me prend de reproduire ici pêle-mêle l’un ou l’autre extrait de ma moisson de ces dernières semaines.

Tenez, sur la politique : au lendemain des municipales françaises et de l’élection comme conseiller de Véronique Vasseur, tête de liste UMP dans le treizième arrondissement, La Libre Belgique rapportait sa démission, désabusée : « Elle venait pourtant d’y entrer, au titre de recrue emblématique de la société civile. Il y a quelques années, cet ancien médecin chef à la Santé, avait publié un livre retentissant, qui avait été suivi d’un rapport parlementaire, sur les conditions de détention." ‘Je ne me retrouve pas dans le spectacle pitoyable des bagarres dissidentes, des ego contrariés, du bal des faux amis, du contexte national difficile, des alliances contre nature qui ont pollué et dénaturé le débat démocratique’, a justifié Véronique Vasseur. Qui a aussi critiqué la stratégie de campagne de l’UMP à Paris. Selon elle, le parti aurait du investir ses vedettes (comme Rachida Dati) non dans des fiefs de la droite mais dans des bastions de la gauche, afin de tenter de les conquérir. Véronique Vasseur s’est aussi plainte de n’avoir pas été soutenue par d’anciens barons de la droite parisienne...».

Il fut évidemment beaucoup question de mai 68 ces temps-ci. Le Monde du dimanche 18 mai (p. 18) citait cette parole de Georges Pompidou, prononcée avant les négociations de Grenelle et rapportée par Georges Séguy, l’ancien secrétaire général de la CGT, dans le livre qu’il vient de publier sur son parcours de militant (Résister, de Mathausen à Mai 68, Archipel, 230 pages, 18,95 euro), selon laquelle il aurait préféré « être simple fonctionnaire d’un gouvernement communiste que premier ministre d’une France dominée par les Américains ».

Les temps évoluent cependant : dans Le Monde encore, le samedi 17 mai, le maire de Paris et candidat (officieux) à la fonction de secrétaire général du P.S. français, Bertrand Delanoë proclamait : « Je suis libéral (…). La gauche doit se réapproprier, avec fierté, et le mot et la chose ».

Evoquant la prospérité croissante de l’Inde, George W. Bush, qui n’en ratera pas une jusqu’à sa démission, l’a mise en rapport avec l’augmentation des prix alimentaires. Au lieu de nous pointer du doigt, a répondu le gouvernement indien en les taxant d’hypocrisie, les américains feraient mieux de se mettre au régime : aux Etats-Unis, chaque citoyen

 

 

 

consomme 3.770 calories par jour, pour 2.440 en Inde. C’est ce que rapportait le dimanche 25 mai l’édition du « best of » du New York Times joint en supplément au Monde.

Dans Le Monde 2 du 31 mai (p. 25), l’économiste iconoclaste Jeffrey Sachs, évoquant la crise alimentaire en Afrique, faisait valoir « qu’avec 70 milliards de dollars d’aide par an, l’Afrique pourra se passer d’aide au développement en 2025… Les Etats-Unis consacreront plus au budget du Pentagone dans la seule année 2008 que le monde entier n’a donné à l’Afrique dans toute l’histoire. Y avons-nous vraiment déversé des torrents d’argent ? Non. Avons-nous déjà distribué massivement des moustiquaires antipaludisme ? Non. Et quand nous avons essayé de le faire, cela a-t-il échoué ? Non, au contraire. Avons-nous entrepris une campagne massive de vaccination contre la rougeole ? Oui. A-t-elle fini en corruption généralisée ? Non, cela a donné une réduction de 91% de la mortalité due à cette maladie… ». Et il rappelait cette devinette si parlante : « Si, sur un point d’eau donné le nombre de nénuphars double chaque jours et qu’ils recouvriront toute la surface au bout de trente jours, quand le nombre de nénuphars recouvriront-ils la moitié du point d’eau ? Réponse : le 29e jour. Je pense, ajoutait-il, que nous sommes au 29e jour… ».

Sur les affaires, maintenant, cet extrait de L’Echo des 19 et 21 avril 2008 : « Deux administrateurs indépendants viennent d’entrer au conseil de la SNP, un des holdings d’Albert Frère. De qui s’agit-il ? De Jean-Pierre Hansen, n° 2 du groupe français Suez dont Albert Frère est par ailleurs le plus gros actionnaire. Et de Robert Castaigne, directeur financier de Total, dont Albert Frère est… le plus gros actionnaire. Des indépendants comme ça, on en redemande ».

Enfin, terminons par une note plus légère, quoiqu’artistique et littéraire. A l’occasion d’un Déjeuner (d’Olivier Schmitt) avec Jean-Manuel Traimond, auteur d’un savant Guide érotique du Louvre et Musée d’Orsay (réédition poche, La Musardine, 160 p., 14,90 euro), Le Monde 2 du 12 avril 2008 (p. 66), met en exergue le célèbre marbre sur les convulsions de la volupté d’Auguste Clesinger à Orsay, Femme piquée par un serpent, et ce quatrain superbe par lequel le mit en poème Théophile Gauthier : « Par l’aspic du plaisir mordue / Comme un marbre de Clesinger / Elle rend, pâmée et tordue, / Ce spasme qu’on ne peut singer ».

Bon repos, bonnes vacances, « et puis, comme il se dit chaque matin sur la RTBF, bonne chance ! »


 











Points d'actualité antérieurs
Imprimer ce document