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A
l’occasion de la discussion de la déclaration de
rentrée du gouvernement, présentée hier au
Parlement bruxellois par le ministre-président Charles
Picqué, j’ai tenté, mais en vain, d’obtenir
quelques éclaircissements sur la situation actuelle.
Voici quelques extraits de mon intervention
:
« La maison a cramé.
Les pompiers fédéraux sont passés, heureusement
! Vous leur avez fait la courte échelle : très bien
! Mais sur les dégâts, on ne vous entend pas !
« Vous nous avez livré
hier un discours incolore, inodore, insipide. Pas un mot sur les
conséquences de la crise bancaire, ni même sur les
conditions de l’intervention régionale. Votre discours
compte 23 pages, soit à peu près 1.000 lignes. Sur
ces mille lignes, il y a en a tout juste cinq qui évoquent
la crise : à vos yeux, en d’autres termes, elle ne
mérite pas plus de 0,5% d’attention de votre part,
ou, en termes banquiers, « un demi point ». Et encore
: vous vous êtes bornéà dire des platitudes
sous la forme de généralités : nous devons
être « attentifs », vous souhaitez « une
solidarité et une indispensable unité » et
vous en appelez à une « trêve institutionnelle
». Mais sur le concret : rien ; pas un chiffre !
« Mardi midi déjà,
j’avais déposé une demande d’interpellation,
que vous auriez pu saisir au bond. La Chambre s’est saisie
du problème dès mardi après-midi, comme les
parlements français, néerlandais et luxembourgeois.
Cet après-midi le Sénat commence déjà
des auditions sur les cause et circonstances de la faillite virtuelle
de Fortis et de Dexia. Le parlement régional wallon en
a débattu hier en séance plénière.
A Bruxelles-Capitale : rien : pourquoi ?
« Nous avons besoin de dirigeants
attentifs, proactifs, constructifs. Mais les dirigeants que nous
n’avons en face de nous n’ont rien vu venir, et
ils n’ont pas de vision d’avenir.
« Je ne veux m’appesantir
à ce stade sur les responsabilités. Mais je puis
vous demander si le gouvernement a suivi l’évolution
de Dexia, que ce soit en direct ou au travers des mandataires
de la majorité ? J’entendais ce matin Jean-Jacques
Viseur, le bourgmestre de Charleroi, clamer que Dexia ne doit
pas être « une machine à créer de la
richesse », qu’elle doit être « un service
aux communes » ! Lui, qui est administrateur de Dexia, pourquoi
ne s’est-il pas opposé à ce qu’elle
sorte du cadre de son métier de base en se lançant
dans les « subprimes » aux Etats-Unis au travers de
sa filiale FSA ; pourquoi ne s’est-il pas opposé
à ce que l’aile bruxelloise du groupe Dexia supplée
aux pertes dramatiques de FSA alors que, si ce que l’on
raconte est exact, la Commission bancaire française avait
refusé d’autoriser l’aile parisienne du groupe
à le faire, tant le risque était intenable. Et j’entendais
aussi hier Elio Di Rupo réclamer « des sanctions
», en oubliant apparemment qu’on ne l’avait
pas entendu lorsqu’il avait été lui aussi
administrateur de Dexia, ni tous les autres administrateurs socialistes
qu’il avait nommés !
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«
Alors, une nouvelle fois, pourquoi ce silence assourdissant ? Est-ce
de votre part ou de celles de vos collègues ou collaborateurs
un manque d’intelligence de la question ? Un manque de savoir-faire
technique ? Je constate en tout cas qu’à chaque fois
que se pose un problème économique d’une certaine
technicité, votre gouvernement le met au placard. Je vise
par exemple ma proposition de résolution du mois de mai sur
la nécessité d’une intervention législative
fédérale urgente pour corriger l’interprétation
nouvelle de la Cour de cassation de l’article 46 de la loi
sur les faillites concernant le sort des contrats conclus par un
failli. Ne croyez pas que je m’écarte du sujet : il
touche très précisément à la situation
des cocontractants des banques. Sur la RTBF, au petit-déjeuner,
hier matin, j’entendais les questions répétées
d’emprunteurs : « Que se passera-t-il si mon banquier
fait faillite ? Le curateur pourra-t-il casser le prêt hypothécaire
et me demander de rembourser ; serai-je obligé de vendre
ma maison pour payer ? ». D’une seule voix les spécialistes
présents répondaient « non, certainement pas
» ; alors que depuis l’interprétation litigieuse
le curateur du banquier pourrait très bien prétendre
agir de la sorte ! Eh bien, malgré la commotion que l’arrêt
de la Cour de cassation a suscité dans le monde des représentants
associatifs de l’industrie et du commerce à Bruxelles,
malgré le support apporté par votre ministre de l’Economie
qui a contresigné ma proposition, malgré l’appui
d’un autre parti de votre majorité, la résolution
est restée en rade : trop technique, sans doute, pour vous
intéresser ».
J’ai ensuite évoqué les conséquences
à court, moyen et long terme que pouvait avoir la défaillance
de Dexia pour les communes de la Région, comme je le faisais
avant-hier dans mon point d’actualité précédent.
J’ai demandé, sans recevoir de réponse, quel
était le coût de la participation régionale
au plan de sauvetage, comment il serait financé si les communes
devaient y participer : aucune réponse ne m’a été
donnée. J’ai attiré l’attention sur les
effets de cette défaillance pour ce qui concerne les dividendes
que perçoivent les communes et le taux des crédits,
ainsi que sur le risque de dilution de leurs participations. Pour
ce qui concerne le long terme, j’ai évoqué la
question du transfert du siège vers Paris, le risque de scission
du groupe et celui d’une fusion de ce qui resterait de Fortis
et de Dexia.
« De tout cela, il faudrait pouvoir débattre.
De même que du choix de vos représentants ».
Dans sa réponse M. Picqué a déclaré
qu’il était trop tôt pour mesurer les conséquences
de la crise bancaire ; mais il s’est tout autant tu sur le
passé, y compris pour ce qui concerne la nature, l’ampleur,
les conditions, le coût et le financement de l’intervention
régionale.
Comprenne qui pourra !
Points
d'actualité antérieurs
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