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C’est
sous ce titre, qui reprend mot à mot celui de l’interview
donnée mercredi par Olivier Maingain au sujet de Rudy Aernoudt,
que « La Libre Belgique » me donne la parole
dans ses colonnes ce matin.
Si, croisant un journaliste qui a repris
la balle au bon, j’ai dit mon étonnement devant les
propos du président du FDF, c’est parce que celui-ci
me semble mal placé pour donner des leçons de modestie
aux libéraux !
Je n’ai plus vu Rudy Aernoudt depuis
cinq ans, du temps où j’étais au gouvernement
tandis qu’il dirigeait le cabinet de l’économie
wallonne de Serge Kubla. Mais je connais son intelligence, son
incroyable dynamisme, propre à faire bouger des montagnes,
et sa capacité à secouer les idées. Eh bien,
je pense qu’un peu de vent frais ferait du bien au MR, trop
engoncé dans des jeux d’équilibre entre ses
tendances et dans le positionnement électoral dans la perspective
du mois de juin. Je ne sais pas si, comme il se dit, Rudy Aernoudt
négocie une place sur la liste européenne avec Didier
Reynders, ou autre chose. Peu m’importe ; ce qui compte
c’est qu’il fait bouger les lignes. Olivier Maingain
en a-t-il peur au point de venir le souffleter ?
Simplistes, ses propos sur le chômage,
comme accuse Maingain en se vantant que « le MR n’a
jamais prôné la limitation, dans le temps, des allocations
de chômage » ? Certes, Aernoudt ne s’exprime
pas toujours en nuances et peut paraître populiste, sans
pour autant l’être à mes yeux ; il est vrai
qu’il gagnerait à s’exprimer avec plus de profondeur
et quelque nuance. Certes aussi, ce n’est pas en recalant
les chômeurs aux CPAS à charge des communes que le
problème sera résolu. Le président du FDF
a raison de mettre en exergue « cet équilibre
(au MR) qui consiste à concilier la reconnaissance
d’un certain nombre de problèmes sociaux et de détresse
humaine et le refus d’un assistanat prolongé qui
ne valorise pas la dimension de la personne ». Mais
ne peut on se poser la question si, dans les faits, on n'en est
pas à cet « assistanat prolongé » ?
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Notre
système de chômage à durée indéterminée
est d’autant plus unique en Europe qu’il n’est
pas assorti d’un contrôle suffisant. C’est certainement
une grande richesse, mais pourrons-nous longtemps le maintenir sans
mettre en péril le bien-être de ceux qui méritent
vraiment le secours de la sécurité sociale ? Etre
libéral, c’est précisément pouvoir parler
sans tabou des abus (d’où qu’ils viennent, de
certains responsables du monde financier comme de certains chômeurs),
de l’indexation, du contrôle et de la durée du
chômage.
Enfin, sur le plan linguistique : qu’y a-t-il de contraire
à la « charte fondatrice », comme dit Maingain,
ou aux statuts du MR, dans les propos de Rudy Aernoudt ? Je pense
pour ma part qu’il est temps qu’une solution soit trouvée
à ce conflit qui mine notre pays depuis tant d’années,
quitte, en consentant les sacrifices nécessaires, à
se séparer « de corps et de biens » dans une
Belgique pacifiée à laquelle on épargnerait
ainsi un divorce. Il faut à mes yeux des élections
générales en juin, législatives comme régionales
et européennes. Dans l’alternative on reportera une
nouvelle fois les problèmes de crainte de la nouvelle échéance
électorale à court terme. Or chaque problème
a aujourd’hui une dimension communautaire, et on ne règle
plus rien. Mettons enfin un terme à cette déperdition
d’énergie qui nous empêche de prendre à
bras le corps les réformes nécessaires. Pourquoi,
M. Maingain, ne pourrions-nous pas librement exprimer nos opinions
sur ce point ? Je l’ai déclaré à «
La Libre » : dans un état totalitaire on
vous dit : ferme ta gueule ; dans une démocratie
on vous dit : cause toujours. Liberté chérie
: ne nous empêchez pas de parler, même si vous ne voulez
pas écouter.
L’arrogance en politique est un défaut dangereux :
elle menace tous les chefs ; qu’ils y prennent garde !
Points
d'actualité antérieurs
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