Le 06 février 2009
        Un peu de modestie, M. Maingain...
 

C’est sous ce titre, qui reprend mot à mot celui de l’interview donnée mercredi par Olivier Maingain au sujet de Rudy Aernoudt, que « La Libre Belgique » me donne la parole dans ses colonnes ce matin.

Si, croisant un journaliste qui a repris la balle au bon, j’ai dit mon étonnement devant les propos du président du FDF, c’est parce que celui-ci me semble mal placé pour donner des leçons de modestie aux libéraux !

Je n’ai plus vu Rudy Aernoudt depuis cinq ans, du temps où j’étais au gouvernement tandis qu’il dirigeait le cabinet de l’économie wallonne de Serge Kubla. Mais je connais son intelligence, son incroyable dynamisme, propre à faire bouger des montagnes, et sa capacité à secouer les idées. Eh bien, je pense qu’un peu de vent frais ferait du bien au MR, trop engoncé dans des jeux d’équilibre entre ses tendances et dans le positionnement électoral dans la perspective du mois de juin. Je ne sais pas si, comme il se dit, Rudy Aernoudt négocie une place sur la liste européenne avec Didier Reynders, ou autre chose. Peu m’importe ; ce qui compte c’est qu’il fait bouger les lignes. Olivier Maingain en a-t-il peur au point de venir le souffleter ?

Simplistes, ses propos sur le chômage, comme accuse Maingain en se vantant que « le MR n’a jamais prôné la limitation, dans le temps, des allocations de chômage » ? Certes, Aernoudt ne s’exprime pas toujours en nuances et peut paraître populiste, sans pour autant l’être à mes yeux ; il est vrai qu’il gagnerait à s’exprimer avec plus de profondeur et quelque nuance. Certes aussi, ce n’est pas en recalant les chômeurs aux CPAS à charge des communes que le problème sera résolu. Le président du FDF a raison de mettre en exergue « cet équilibre (au MR) qui consiste à concilier la reconnaissance d’un certain nombre de problèmes sociaux et de détresse humaine et le refus d’un assistanat prolongé qui ne valorise pas la dimension de la personne ». Mais ne peut on se poser la question si, dans les faits, on n'en est pas à cet « assistanat prolongé » ?






 





Notre système de chômage à durée indéterminée est d’autant plus unique en Europe qu’il n’est pas assorti d’un contrôle suffisant. C’est certainement une grande richesse, mais pourrons-nous longtemps le maintenir sans mettre en péril le bien-être de ceux qui méritent vraiment le secours de la sécurité sociale ? Etre libéral, c’est précisément pouvoir parler sans tabou des abus (d’où qu’ils viennent, de certains responsables du monde financier comme de certains chômeurs), de l’indexation, du contrôle et de la durée du chômage.

Enfin, sur le plan linguistique : qu’y a-t-il de contraire à la « charte fondatrice », comme dit Maingain, ou aux statuts du MR, dans les propos de Rudy Aernoudt ? Je pense pour ma part qu’il est temps qu’une solution soit trouvée à ce conflit qui mine notre pays depuis tant d’années, quitte, en consentant les sacrifices nécessaires, à se séparer « de corps et de biens » dans une Belgique pacifiée à laquelle on épargnerait ainsi un divorce. Il faut à mes yeux des élections générales en juin, législatives comme régionales et européennes. Dans l’alternative on reportera une nouvelle fois les problèmes de crainte de la nouvelle échéance électorale à court terme. Or chaque problème a aujourd’hui une dimension communautaire, et on ne règle plus rien. Mettons enfin un terme à cette déperdition d’énergie qui nous empêche de prendre à bras le corps les réformes nécessaires. Pourquoi, M. Maingain, ne pourrions-nous pas librement exprimer nos opinions sur ce point ? Je l’ai déclaré à « La Libre » : dans un état totalitaire on vous dit : ferme ta gueule ; dans une démocratie on vous dit : cause toujours. Liberté chérie : ne nous empêchez pas de parler, même si vous ne voulez pas écouter.

L’arrogance en politique est un défaut dangereux : elle menace tous les chefs ; qu’ils y prennent garde !














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