Le 19 février 2009
        Crise financière… crise économique… et records de faillites
 

A l’initiative de M. Alain Berlinblau, président consulaire du tribunal de commerce de Bruxelles, j’étais invité avant-hier mardi à leur déjeuner mensuel par les juges au tribunal de commerce, pour présenter un exposé synthétique sur la nouvelle loi relative à la continuité des entreprises, dont j’exposais déjà les grandes lignes dans mon point d’actualité du 27 janvier.

Par la même occasion, les juges consulaires rendaient hommage à Mme Louise-Marie Henrion, qui quittera le tribunal au début mars pour prendre ses nouvelles fonctions de présidente du tribunal de commerce de Namur. Un moment émouvant, tant étant évidente la sympathie profonde qu’ont portée à cette grande magistrate, depuis tant d’années, tous ses assesseurs, qui ont tous tellement apprécié de siéger avec elle. La veille d’ailleurs, quelques instants avant sa dernière audience, le barreau lui avait à son tour rendu un hommage tout aussi ressenti, avec une très belle intervention du bâtonnier Yves Oschinsky. La magistrature et le barreau bruxellois perdent un juge exceptionnel, et les avocats ne pourront s’en consoler qu’en allant plaider plus souvent sur les rives de la Meuse dans la capitale de la Wallonie.

A l’occasion de cette causerie, j’avais jeté un œil aux statistiques des faillites de l’année écoulée et du mois de janvier, publiées par la firme Graydon à peu de choses près à l’heure où, le 31 janvier dernier, le Roi promulguait la loi relative à la continuité des entreprises.

Avec 8.512 jugements déclaratifs en 2008, le record des faillites était à nouveau battu, tandis qu’au début février 2009 Graydon recensait déjà 781 faillites déclarées au cours du mois de janvier, soit une hausse par rapport à janvier 2008 de 14,52 % au niveau du pays, et de 29,05 % en Flandre. Ceci s’explique par le niveau plus développé de l’activité économique au Nord du pays, car les divergences régionales restent importantes : en 2008, une entreprise sur 147 a dû fermer ses portes en Flandre, une sur 113 en Wallonie et 1 sur 67 à Bruxelles.

Or il apparaît à l’analyse que la crise économique qui a touché notre pays depuis septembre 2008 a peu influencé les statistiques de faillites jusqu’à présent. Graydon proclame que l’effet de cette crise ne se ressentira au niveau de ces statistiques qu’à partir des mois prochains.






 

 


Depuis janvier dernier, ce sont pratiquement tous les secteurs qui sont touchés, subissant l’influence de la problématique du pouvoir d’achat. Les sociétés privées à responsabilité limitée – la forme juridique adoptée par la grande majorité des pme - se montrent particulièrement vulnérables avec une faillite pour 54 entreprises en activité pendant l’année écoulée et, alors que l’étiage des défaillances de grandes entreprises était resté stable pendant la même période avec seulement 9 faillites entraînant plus de 100 pertes d’emploi, le nombre de sociétés anonymes déclarées en faillite en janvier 2009 était en hausse de 87 % par rapport à janvier 2008. L’impact des jeunes entreprises sur ces statistiques saute aux yeux : toujours en 2008, 36,77 % de toutes les entreprises faillies n’avaient pas même atteint les cinq ans d’existence, pour 34,83 % en 2007.

Parmi les facteurs de l’augmentation attendue du nombre de défaillances, Graydon pointait en premier la croissance systématique du degré d’endettement de beaucoup d’entreprises ces dernières années, facilitée par la possibilité de recourir à des financements bancaires peu coûteux. De là sorte, poursuivait Graydon, un grand nombre d’entreprises a atteint un degré d’endettement de plus de 95 %, souvent couvert par des crédits à court terme, exposant les emprunteurs au risque d’avoir à renégocier leurs lignes à la hausse à tout moment, sinon de les voir coupées brutalement.

Il y a une bonne semaine, les experts de l’assureur-crédit Euler-Hermès constatent eux aussi les risques croissants de crédit et de paiement auxquels sont confrontés les fournisseurs de biens et de services, en plus d’une forte baisse de leur chiffre d’affaires, allant jusqu’à 20 et même 30 % : autrement dit, la liquidité est devenue le principal souci pour les sociétés. Leurs premières prévisions tablaient sur 9.500 faillites pour 2009, mais la forte régression de l’économie les conduits à craindre que le seuil des 10.000 faillites (soit une augmentation de 17,8 %) pourrait être dépassé. « Le choc financier n’a pas encore produit ses effets complets, car l’évolution du nombre des faillites suit avec un retard de 6 mois », écrivent ces experts.

Dans ces conditions l’entrée en vigueur d’une réglementation qui offre une plus grande marge de manœuvre pour aider les entreprises en difficulté à se redresser ou pour les restructurer en profondeur selon des procédures plus simples, plus rapides et moins onéreuses, sera sans doute particulièrement bienvenue.









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