Voici le portrait d'Alain Zenner, tracé à l'occasion d'une conférence dans un service club. Cette présen-tation a été rédigée en 1999 avant qu'Alain Zenner ne soit appelé au Gouvernement puis au Sénat.


J'aurais aimé pouvoir vous parler d'emblée de sa personnalité, de ses enthousiasmes, de ses coups de coeur, de ses valeurs. Mais je me tiendrai à l'usage en abordant l'exercice de manière plus classique, sous l'angle du curriculum vitae.

Alain Zenner est juriste et économiste. Il est docteur en droit de l'Université de Gand, Master of comparative law de l'Université de Chicago et diplômé de l'Ecole de commerce Solvay (post-graduat en management - Cepac).


L'avocat des causes ardues

Ses intérêts professionnels l'ont d'emblée porté vers le barreau. A Paris d'abord, où il a pratiqué pendant quatre ans dans un cabinet étranger et où il s'est spécialisé en droit économique et financier. Puis à Bruxelles: il s'est concentré depuis une dizaine d'années sur les cessions et acquisitions et sur les restructurations d'entreprises et est of counsel du cabinet international Freshfields Bruckhaus Deringer.

Il apprécie le raisonnement juridique, qui l'a conduit à la recherche scientifique. Il a été pendant plusieurs années assistant à l'ULB. Il a consacré plusieurs études et articles au thème des entreprises en difficulté et a notamment publié en 1998 un traité de 1200 pages qui a été couronné par le prestigieux Prix Jean Bastin.

Mais il ne néglige pour autant pas le fait. Il aime à rappeler cette maxime anglaise, qu' "un fait est plus important qu'un lord maire". Et cette considération du Professeur De Page, notre plus éminent jurisconsulte, qui écrivait : "les juristes excellent toujours à manier les principes avec une virtuosité étonnante sans doute, mais... en oubliant les réalités. C'est pour les réalités que le droit est fait, et non pour la beauté des principes".

Attentif au droit, sensible au fait, avocat dans l'âme, Alain Zenner aime plaider les causes ardues et assumer les missions difficiles. On l'a bien vu il y a trois ans à Clabecq, où sa détermination et son courage ont frappé tous les téléspectateurs, avec la réussite que l'on sait.


Le sens de l'engagement politique

C'est ce souci de la cause juste qui l'a amené à la politique. Il y est arrivé par un biais technique. Arnaud Declety, un industriel du Tournaisis nommé par Jean Gol à la tête de l'économie wallonne en 1985, l'a appelé à ses côtés comme chef de cabinet adjoint pour réformer l'initiative industrielle publique et l'expansion économique et participer à la réorganisation de quelques grandes entreprises, comme Cockerill Sambre, la F.N., les Acec, etc.

C'est là que s'est éveillé le sens de l'engagement de notre homme pour la cause publique. Il a été élu conseiller communal à Uccle en 1989, avec le meilleur score des nouveaux venus, et y est devenu chef de groupe. Deux ans plus tard, en 1991, il a accédé au Parlement Bruxellois, où il a été réélu en 1995 et en 1999. En juillet de cette même année, il est aussi devenu sénateur. Il siège notamment aux commissions des Finances et de l'Economie et de la Justice, et s'y est plus particulièrement engagé de près dans le débat sur l'éthique de la fin de vie et l'euthanasie. Enfin, lors de son élection à la présidence du PRL en novembre 1999, Daniel Ducarme a appelé Alain Zenner à diriger son cabinet.


De l'indépendance en politique

Son talon d'Achille, mais aussi, sans doute, sa vertu ? Son indépendance, souvent chère à acquérir ! Dans un de ses derniers livres Françoise Giroud n'a-t-elle pas dit que "Les politiques pardonnent tout, absolument tout, sauf l'indépendance" (Phillipe Toussaint, qui rapportait le propos dans le Journal des Procès, ajoutait : "Rien n'est plus vrai !"). Cette indépendance, tout le monde la connaît. Lorsque D'Orazio lui reprochait d'être un affidé de son parti, Dimanche Matin répliquait : "Alain Zenner est tout, sauf le doigt sur la couture du pantalon". Et le journal Vlan, dont les lecteurs lui ont attribué le titre de "l'homme politique de l'année 1998", résumait : "Alain Zenner est un personnage atypique dans le monde politique bruxellois. Ni apparatchik, ni larbin des mandats publics, il est l'homme des enthousiasmes et des coups de coeur, capable de s'élever au-dessus d'un débat le plus souvent lénifiant où la langue de bois tient lieu de dictionnaire commun".


Les lectures d'Alain Zenner

Alain Zenner aime lire. Je lui ai demandé il y a quelques instants quels ouvrages il recommanderait, qui soient au croisement de la littérature et de la politique. Il m'en a cité d'emblée deux : Saint-Germain ou la négociation de Francis Walder, qui permit à cet officier belge d'y romaniser son expérience des négociations internationales et lui valut en 1958 le Prix Goncourt. Et Le Feld-Maréchal von Bonaparte, de Jean Dutourd, où cet académicien gomme deux cessions de territoires - l'acquisition de la Corse et la cession de la Louisiane - pour réécrire l'histoire à sa guise.

Mais notre homme aime aussi écrire, pour faire partager ses connaissances ou plaider ses conceptions. Outre Dépistage, Faillites & Concordats de 1998, que j'ai déjà cité, et Faillites et concordats, un examen de doctrine et de jurisprudence sur les deux premières années de pratique de la réforme de 1997, paru en avril 2000, il a aussi publié en 1999 La saga de Clabecq - Du naufrage au sauvetage. Alain Zenner y fait, dans un style qui rappelle parfois le roman policier, la chronique de son expérience à la tête du Collège des curateurs des Forges et y livre ses réflexions, avec en filigrane ces questions : y a-t-il quelqu'analogie entre une débâcle financière et une déroute politique ? Du sauvetage de Clabecq, peut-on tirer des leçons pour le sauvetage du pays ?


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