Le 06 mai 2004
        La vocation sociale des légumes
 

Qui n’a le souvenir de petits lopins de terres cultivés sur des terrains sauvages à la sortie de gares, aux abords des autoroutes ?

A qui appartenaient-ils ? Je ne sais pas; je me souviens seulement de petits vieux qui bêchaient des parcelles grandes comme deux nappes. Ils amélioraient leur ordinaire en faisant pousser des légumes et des pommes de terre.

Aujourd’hui, diverses administrations communales retrouvent le rôle économique du jardin potager pour compléter le maigre cabas de certains de ses administrés. Elles découvrent également sa vertu sociale. Le jardin potager sauvage d’antan s’est institutionnalisé pour devenir « jardin de réinsertion sociale ». Projets soutenus par les CPAS, par le fonds social européen, des terrains sont mis à disposition pour permettre à un public fragilisé de retisser des liens sociaux en cultivant ensemble des légumes. Le rythme de travail, la finalité du projet, la vente de produits ensemencés, cultivés, récoltés en contrepartie d’un salaire stoppent le processus d’exclusion. Le personnel d’encadrement, tout en formant les apprentis jardiniers, écoutent ceux qui font pousser les légumes. Le travail sous la terre, l’alchimie qui s’y produit par les échanges d’eau et de lumière, n’est pas loin du travail de réappropriation de valeurs vitales pour l’individu qui se croit inutile.

 


 


 

 

Projets qui tendent vers la rentablité, ils prennent le temps d'être 100 % de culture biologique et de redécouvrir des légumes oubliés. Des semences venues d'ailleurs ou de jadis sont réimplantées : qui a déjà goûté des épinards fraise, du fenouil bronze, des concombres citrons, du coqueret du Pérou ?

Projets qui exigent du travail et de la patience, ils prennent parfois le temps d’être beaux : certains jardins sont des œuvres d’art, des tableaux vivants de couleur et de formes qui mettent les sens en éveil.

Comme tous les projets dont le bon sens est évident, ils n’attendent plus toujours d’être initialisés par l’administration, quelle qu’en soit la tutelle. Des regroupements spontanés d’habitants ont aménagé des espaces communautaires de culture maraîchère.

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