Compte rendu paru dans Vlan le
26 février 2003
Commissaire
du gouvernement en charge de la lutte contre la grande fraude
fiscale (blanchiment, carrousels TVA et autres moyens
d'évasion à grande échelle), Alain
Zenner, élu MR bruxellois, est aussi un avocat spécialisé dans
le droit des faillites. On se souvient de lui comme curateur-sauveteur
des Forges de Clabecq, épisode qui lui avait
valu un oeil poché et les foudres de syndicalistes
coléreux.
Dans la même semaine, Alain Zenner a
livré à l'édition deux facettes de son
travail. Chez Larcier d'abord, il publie un ouvrage
de quelque 500 pages intitulé Faillites
et concordats 2002. La réforme de la réforme
et sa pratique.
Destiné a un public de juristes spécialisés,
ce volume traite en détail des lois belges ou européennes
concernant une matière hélas de plus en plus
d'actualité en ces temps de déchirantes révisions
de notre économie.
Autre volet de son travail: la politique.
Cette fois, Le commissaire passe aux aveux, grâce à un
livre sous forme d'entretien (avec le journaliste Patrick
Van Campenhout), que les éditions Luc Pire publient
en version électronique (téléchargeable
gratuitement sur le site www.lucpire.be).
Alain Zenner est d'ailleurs déjà la vedette
des éditions électroniques lancées par Luc
Pire, grâce aux 35.000 téléchargements
des actes du colloque sur la criminalité financière
qu'il a organisé comme commissaire au gouvernement.
Dans cet ouvrage-bilan de son
action, Alain Zenner fait le point, en compagnie de son interlocuteur,
sur tous les dossiers difficiles qu'il a eu à traiter.
Et le moindre n'étant pas celui du changement de culture
fiscale initie au sein de l'administration des Finances.
En résumé: cessons de traquer les petits et
intéressons-nous aux grandes fraudes qui coûtent
très cher à l'Etat! Un changement de mentalité qui
ne pourra s'accomplir réellement qu'à long
terme. Hypothèse? «Non, travailler à long
terme est possible», assure Alain Zenner, «même
s'il est vrai que le "quick-win", le résultat
tangible vendable immédiatement a l'électeur,
l'emporte sur le travail en profondeur et dans la durée».
Livre,
d'un homme qui fait de la politique en profondeur, là où d'autres s'échinent
surtout à paraître à la télévision, Le
commissaire passe aux aveux est intéressant à plus
d'un titre: non seulement il livre une vision très
complète sur le gruyère de la fraude fiscale
organisée (laquelle coûte finalement très
cher aux petits contribuables qui compensent l'évasion
des gros), mais il apporte aussi une réflexion mesurée
mais lucide sur l'évolution de la politique-spectacle,
les terribles limites du pouvoir (face aux attentes illimitées
de la population), la complexité outrancière
de notre système de gouvernement et la peur paralysante
de «nommer les problèmes», ce
qui interdit à tout le moins de tenter de les résoudre.
Un ouvrage intelligent qui, on peut encore l'espérer,
apportera une contribution au changement de culture politique
tellement annonce et si rarement concrétisé !